vendredi 15 mai 2009

LA MAISON BÉDARD/JACOB





À l’angle des rues Des Commissaires et Ferland, se dresse une maison de pierre de deux étages. Elle fut bâtie entre 1821 et 1829 par le juge Pierre-Stanislas Bédard. Originaire de Charlesbourg, il fut avocat et très engagé en politique. Il fut député, chef du Parti canadien dont il fonda le journal Le Canadien. Accusé sans fondement, il fut mis en prison sur l’ordre du gouverneur J.H. Craig. Il en ressortit après un an, sans avoir subit de procès. Il fut même élu député pendant son séjour en prison. On lui redonna son grade d’officier de milice par la suite.
Il fut président du comité de protestation contre l’union du Haut et du Bas-Canada. Précurseur du mouvement patriote, il devait accompagner John Nielson et Louis-Joseph Papineau en Angleterre mais il n’obtint pas son congé. Il arrive à Trois-Rivières lors de sa nomination comme juge de la Cour du banc du roi en décembre 1812.


En 1850, ce sont les Ursulines qui achetèrent la maison. Elle fut alors louée 30£ par année. En 1863, les Ursulines refusèrent la demande de la ville de louer l’édifice aux Sœurs de la Providence. Devant l’opinion publique scandalisée, elles permirent aux religieuses d’y demeurer à raison de 250£ par an, somme qui devait être versée à l’hôpital des Ursulines. Les Sœurs de la Providence fondèrent un asile pour accueillir les vieillards infirmes, les orphelins ainsi que les enfants trouvés et se dévouèrent auprès des familles pauvres et démunies.


Un autre locataire arriva en 1876, Charles-Arthur Baxter. Puis Michael McInerney, de New-York, acheta la maison et d’autres terrains en 1884. Les Ursulines en reprirent toutefois possession quatre ans plus tard. Chose étrange, la même année de la vente de la maison au New-Yorkais, les religieuses la louaient à J. Skroeder. Celui-ci possédait une manufacture de fuseaux située à l’angle des rues Hertel et des Commissaires, la J. Skroeder & Company. Comme il désirait acheter la maison, il fit des réparations à ses frais. En fin de compte, il ne se porta pas acquéreur. L’un des problèmes majeurs était le manque d’égout sanitaire pour rendre la demeure habitable. La ville tarda beaucoup à l’installer car en 1901, rien n’avait été encore fait et la maison demeura sans locataire pendant plusieurs années.

Aujourd’hui, elle est connue sous le nom de l’un de ses derniers propriétaires, un dénommé Jacob qui y demeura de 1953 à 1978. Il travaillait à la Shawinigan Water and Power Co. Il entreprit d’importantes transformations dont une rallonge et un garage.


Guy Marcotte et sa sœur Suzanne en furent aussi propriétaires. Ce sont eux qui ont lancé les Cafés Morgane à Trois-Rivières, cafés que l’on retrouve à divers endroits stratégiques dans la ville ainsi que dans d’autres municipalités telles Drummondville et Repentigny, sans oublier Shawinigan.


Une fable pour terminer. De petits X ont été tracés dans la maçonnerie près des fenêtres. La légende veut que ce soit pour se protéger contre la maladie, les démons et les mauvais sorts. Et si c’était vrai ?