samedi 27 octobre 2007

LA MAISON PIERRE DU CALVET



À Montréal, il ne reste qu’une vingtaine de vieilles maisons construites sous le régime français. La maison Pierre du Calvet a cependant été bâtie peu après la conquête anglaise en 1770. Elle est située en face de la chapelle Notre-Dame du Bonsecours. Il y a plusieurs années, nous allions y prendre un café. Puis elle a changé de vocation, ce qui s’est d’ailleurs produit à plusieurs reprises durant son histoire. Ses murs de pierres sont très épais et excèdent du toit pour former un coupe-feu, ce qui était obligatoire à l’époque en raison d’un grand feu qui avait détruit de nombreuses maisons peu avant.


Son constructeur, Pierre Du Calvet, un Huguenot (donc protestant), est arrivé à Montréal en 1761, deux ans après la bataille des Plaines d’Abraham. Il avait d’abord séjourné quelques années en Acadie. La maison était trois fois plus grande à l’origine, car Du Calvet se vantait que « au premier et au second étage, il y a 20 belles chambres et on peut en faire au moins la moitié autant au troisième.... »


Marchand prospère, ses troubles commencent après l’invasion des troupes américaines en 1775-76. Il est accusé d’avoir vendu des vivres aux rebelles et mis en prison pendant trois ans sans procès. Suivent des voyages au États-Unis, à Londres, à Paris pour défendre sa cause et se faire rembourser les biens que l'armée américaine lui avait volés. Le Congrès américain lui remettra finalement une indemnisation pour la moitié de ses réclamations (il a eu plus de chance que les religieuses de Trois-Rivières !). En se rendant en Angleterre en 1786, il périt dans le naufrage du vaisseau.
La maison a eu plusieurs propriétaires, comme on peut l’imaginer. Même Jacques Viger, premier maire de Montréal, en fit l’acquisition. Elle a servi d’auberge, d’épicerie, de salon de barbier, de restaurant et même de musée de meubles. Depuis 1998 elle fait partie de l'Auberge restaurant Pierre Du Calvet.
Inutile d’ajouter que nous n’allons plus y célébrer la cérémonie quotidienne du café vers 15 heures.

vendredi 19 octobre 2007

LE CIMETIÈRE NOTRE-DAME-DES-NEIGES



Ouvert en 1855, il n’est pas aussi vieux que celui du Père Lachaise à Paris ou du cimetière juif à Prague, ni ne renferme des tombes, monuments et mausolées comme jetés pêle-mêle, sans ordre. Il est magnifique, calme et très grand. Il a été dessiné par un architecte de New York dans un style anglais, ce qui a comme conséquence que, d’où que l’on soit, on ne voit qu’un petite partie du domaine. Ce n’est pas non plus la première nécropole de Montréal, mais on y a relocalisé de nombreuses sépultures en provenance en particulier du cimetière Saint-Antoine autrefois situé sur Dominion Square (il en resterait encore…).
Des terrains sont réservés à des groupes particuliers comme par exemple celui des pompiers et des communautés religieuses. Des sections sont spécialement destinées à accueillir les restes de différentes communautés ethniques, chinois, grecques, japonais etc. Ainsi le mausolée de La Pietà (qui contient une reproduction grandeur nature de l’œuvre de Michel-Ange) semble ne contenir que des cercueils de familles italiennes, ou du moins en très grande majorité.
Quand on s’y promène, on se sent loin de la civilisation, de la circulation automobile. Tout est silence. Seuls les oiseaux et les écureuils manifestent leur présence ainsi que quelques voitures amenant des parents venus se recueillir sur la tombe d’un des leurs. Ces jours-ci, les employés, en grève partielle (!), ont recommencé à couper l’herbe et les fleurs sauvages. De sorte que le cimetière, à mes yeux, est à perdre un charme poétique que jamais la tonte du gazon ne peut obtenir.
Je me suis mis à la recherche de quelques trésors en ce lieu de paix. À la suggestion d’un employé, j’ai ainsi fait la découverte d’un bas relief représentant chasseur, monument à un français décédé en terre québécoise, sans doute un grand chasseur devant l’Éternel ! On m’a aussi indiqué où trouver ce que les préposés surnomment le diable, une statue d’un ange devenue toute noire avec le temps. J’ai finalement repéré un chef d’œuvre sculptural d’Alfred Laliberté, un de nos grands sculpteurs québécois, l’Ange à l’aile brisée, oeuvre d’une grande beauté. Dans le mausolée Marguerite d’Youville, j’ai admiré La Transmutation, sorte d’installation qui présente des parties de corps diaphanes qui montent en spirale et deviennent de plus en plus complets à mesure qu’ils atteignent l’étage supérieur. Il me reste à découvrir entre autres un cénotaphe sculpté en marbre de Carrare (inconnu de l’employé) et plusieurs bustes en bronze, oeuvres du célèbre sculpteur Louis-Philippe Hébert. Sur cinquante-cinq kilomètres de sentiers et entre les quelques 10,000 arbres du domaine, outre les mausolées familiaux, il y a sans doute de nombreuses autres trouvailles à faire et à croquer dans mon cahier.

samedi 13 octobre 2007

LA MAISON CÔTE-DES-NEIGES


Une belle d’autrefois. Construite en 1713 (ou 1751?). Elle a été sauvée in extremis de la démolition en 1956 parce qu’on élargissait la Côte-des-Neiges sur laquelle elle était située. Elle fut transportée à l’entrée du cimetière Notre-Dame sur la rue Decelles et a été classée monument historique en 1957.

Elle ne paye malheureusement pas de mine. On la dirait abandonnée. Elle a besoin d’être repeinte, ce qui lui donnerait un air plus serein. L’intérieur a-t-il été conservé dans son état originel ? Je ne sais vraiment pas à quoi elle sert.

C’est en compagnie d’un autre mordu du dessin que je l’ai « croquée» par un matin ensoleillé.

vendredi 5 octobre 2007

LE CHALET DE LA MONTAGNE



Si ma mémoire est bonne, dans l’émission radiophonique de mon jeune temps « Les Aventures de Madeleine et Pierre », on parlait du Chalet de la Montagne. Il est très beau. Construit au début des années 1930 durant la grande dépression, aucune ouverture officielle n’a eu lieu cependant. Serait-ce en raison d’un scandale dû au dépassement des coûts de construction (même en ce temps-là…) ou parce qu’on ne savait pas encore quelle serait son utilité ? Il est donc demeuré vide pendant un certain temps. On a proposé d’en faire un musée, ce fut un chalet de ski. On y a présenté des concerts, des fêtes y ont été données. Aujourd’hui, il semble simplement permettre aux visiteurs de s’asseoir pour un moment de repos et aller chercher un petit quelque-chose au casse-croûte.

Dans l’idée de son concepteur, le chalet, un peu comme les statues des Cathédrales du Moyen-Âge, devait aussi être comme un livre d’histoire relatant les principaux événements qui ont façonné la Nouvelle France de 1535 à 1760. On était à l’époque ou la période française était encore celle qui nous définissait le plus. Aussi, M. Beaugrand-Champagne, architecte, fit appel à treize artistes pour peindre dix-sept murales. C’est ainsi que Jacques Cartier, Champlain, De Maisonneuve, Dollar des Ormeaux et La Salle, en raison de leur importance, sont devenus « professeurs d’histoire ». Chacun des peintres reçu la rondelette somme de $400.00 pour sa peinture, sauf Paul-Émile Borduas qui ne reçu que $600.00 pour l’exécution de six cartes géographiques, quatre relatant l’évolution du site de Montréal, une cinquième montrant l’itinéraire des deux premiers voyages de Jacques-Cartier et la dernière présentant les anciennes possessions françaises en Amérique. Inutile de dire qu’on ne reconnaît pas le style Borduas dans ces cartes…

Par contre, Marc-Aurèle Fortin, en peignant Champlain explore le site de Montréal en 1603, a conservé son style, traitant le sujet non comme une murale mais plutôt comme une peinture. On reconnaît sa manière de mettre en évidence les arbres. Tant qu’aux autres peintres, il me sont inconnus et… sans doute le resteront ! Il faut noter qu’à l’époque on attribuait la découverte du Mississipi à La Salle. Ce n’est que vers 1938 qu’on a finalement eu la certitude que ce sont Louis Jolliet et le Père Marquette qui ont découvert ce grand fleuve.

J’ai donc visité le Chalet. Oui il est beau et spacieux. Mais il est difficile de bien admirer toutes les peintures. Pour bien voir celles qui sont du côté du centre ville il faut lever une main pour cacher la lumière qui pénètre par les grandes portes. Il serait intéressant que la ville installe des projecteurs au dessus des toiles. Tant qu’aux visiteurs, certains ont jeté un coup d’œil aux murales parce que je m’y intéressais…

Comme les écureuils sont nombreux sur la montagne, on a utilisé ce petit mammifère comme décoration sur chacune des pannes qui supportent les chevrons (je viens d’apprendre ces deux mots!). Le dessin permet de visualiser l’emplacement des « bibittes ».

On ne peut se rendre au Chalet de la Montagne sans aller sur la terrasse pour y admirer la ville. On s’en reparlera …

Amicalement
Yvon