samedi 29 septembre 2007

INCIDENT AU CIMETIÈRE


Je suis allé voir l’endroit où Joseph Guibord a été inhumé au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. C’est avec une certaine émotion que j’ai dessiné cet étrange monument : une pierre de forme ovale d’environ deux mètres de long par un mètre en son centre et pesant plusieurs tonnes. Une plaque a été enchâssée sur la pierre par le Mouvement laïque québécois en honneur à tous les membres de l’Institut canadien (1844-1884) dont faisait partie Joseph Guibord.


L’enterrement de Joseph Guibord en 1869 a été plutôt houleux. En effet, ce dernier était l’imprimeur de L’Institut canadien dont les membres avaient été excommuniés par Mgr. Ignace Bourget en raison de leurs idées libérales et même athées. L’Institut (1844) avait une bibliothèque publique gratuite qui était aussi un lieu de discussions, de débats et de conférences. Dans la bibliothèque, on pouvait même lire des livres « à l’index » de Voltaire et Diderot, entre autres. Victor Hugo était un des membres, externe évidemment.

« L'Institut canadien défendait les principes démocratiques et républicains: souveraineté du peuple, suffrage universel, séparation de l'Église et de l'État, instruction publique laïque, abolition de la classe seigneuriale, réformes constitutionnelles et judiciaires ». Or ce Monsieur Guibord, bon catholique, eut non seulement le malheur de mourir mais de décéder « hors de l’Église ». Lorsqu’on arriva à l’entrée du cimetière Notre-Dame- des-Neiges pour l’enterrer, une foule nombreuse de fervents catholiques empêcha qu’on le dépose dans le lot qu’il possédait. Il fut donc enterré dans le cimetière protestant, à côté.

Mais la chose n’en resta pas là. Procès, récriminations. Finalement, en 1874, donc cinq ans après le décès de notre homme, le Conseil privé de Londres ordonna qu’il soit enterré dans le cimetière catholique Notre-Dame-des-Neiges. Second échec, les catholiques font échouer la tentative d’enterrement. En 1875, on fit appel à l’armée qui forma deux rangs entre lesquels fut amené le corps dans le cimetière. Joseph Guibord fut inhumé sur un terrain que Mgr. Bourget avait « maudit » même si son épouse catholique y reposait déjà… Le tout se passa sans incident.


Afin que personne n’aille s’attaquer à la dépouille, on déposa sur la tombe une immense pierre impossible à déplacer. Le temps et les saisons ayant fait leur œuvre, cette pierre est aujourd’hui fendue en deux. Dans Montréal, une avenue porte aujourd’hui le nom de Joseph Guibord. Le lot où il repose se trouve au numéro de concession 00873 dans la section « N ».


Il paraît que le roi David a écrit : « Rien de nouveau sous le soleil ». Le problème de la laïcité fait encore surface dans la belle province…


















samedi 22 septembre 2007

LES SILOS À GRAIN


Imposants et impressionnants les silos à grain. On dit que Montréal a été le principal port céréalier du monde en 1923. Au début, ils étaient construits en bois, puis le béton a pris la relève. La plupart des silos sont maintenant inutilisés mais il en reste encore en action. Plusieurs ont été démolis. Le Silo #5, au bout de la rue McGill est immense et a été agrandi à plusieurs reprises au cours de ses années actives. Il a pris naissance au début du XIXe siècle. Inutilisé depuis plusieurs années, il fait naître un certain questionnement. Qu’adviendra-t-il de ce témoin d’un commerce qui a connu une telle importance ? Sera-t-il détruit ou transformé ? Il semble que plusieurs propositions soient à l’étude, notamment celle d’y transférer le Musée d’Art contemporain devenu à l’étroit en raison d’une collection d’œuvres d’art moderne qui s’agrandit constamment.


J’étais intrigué par ces formes triangulaires sur le toit de l’édifice. On dirait de grands entonnoirs. À quoi servaient-ils ? Je suis donc allé les croquer en prenant soin de ne pas me faire écraser par les cyclistes…

lundi 17 septembre 2007

LE CIMETIÈRE CÔTE-DES-NEIGES



Terminée le « lock out » ! Même si la grève elle-même ne l’est pas , il nous est donc maintenant possible d’aller prendre une marche dans ce lieu de paix et de tranquillité. Ce que nous avons fait.

Les « mauvaises » herbes (y aurait-il des mauvaises herbes ?) ont eu le temps de pousser et les fleurs sauvages de fleurir. Les pierres tombales et les monuments ont maintenant un air vieillot ce qui leur donne un charme des plus poétiques. Autour de certains monuments, les familles se sont empressées d’aller tondre la « mauvaise » herbe, même pendant la fermeture du cimetière, ce qui brise totalement le sortilège. Les morts seraient-ils vraiment sensibles à une telle « délicatesse » qui ressemble plus à une profanation de la nature ?

Nos pieds ont donc foulé ces sentiers à l’écart du monde des vivants, nos pensées ont aussi parcouru des chemins nouveaux et nos yeux se sont attardés sur la revanche de la nature.

Au revoir…

vendredi 7 septembre 2007

OTTAWA-GATINEAU: DEUX MUSÉES













Ce fut une courte visite dans la Capitale et à Gatineau. Deux musées présentent des expositions de qualité. Pourquoi s’en priver ?

Le Musée des Beaux-Arts du Canada expose des peintures moins connues du peintre Auguste Renoir, surtout des paysages peints avant qu’il ne s’adonne davantage au portrait. Un ensemble d’œuvres intéressantes, même si « officiellement » elles sont moins prisées que les autres. Le style est en évolution et parfois imite celui de Monet avec qui il allait peindre. De belles pièces dans lesquelles on sent l’âme de l’artiste. J’ai bien aimé.

Puis j’ai traversé la rivière pour me rendre au Musée canadien de la civilisation à Gatineau. La Chine nous inonde de ses produits bon marché. Mais au musée, pas de pacotille. Quelques cent cinquante objets retraçant l’histoire de cet immense pays depuis la préhistoire jusqu’au dernier Empereur. Une histoire compliquée. Puisque c’est l’homme qui la façonne y en a-t-il de simple ? Difficile de retenir toutes ces dynasties, ces dates, ces noms bizarres pour nous. Mais des créations originales et artistiques qui prouvent que l’homme est depuis toujours un poète dans l’âme.

Les inventions réalisées par ce peuple ont souvent précédées l’équivalent en Occident : la poudre à canon (tout le monde le sait), mais aussi avant Gutenberg l’imprimerie avec des caractères individuels; pour ne pas « perdre le Nord », un bidule qui quelque soit la direction prise indique toujours le Nord; l’écluse pour les bateaux et beaucoup d’autres trouvailles.

La poterie sous toutes sortes de formes et d’utilités était à l’honneur illustrant à la fois le sens pratique de ce peuple, son imagination et sa poésie. La sculpture est aussi un art dans lequel ils ont excellé. Un petit cheval et son dompteur ont particulièrement attiré mon attention. Une autre visite instructive.

Comment se rendre à Ottawa sans y « croquer » quelques scènes ? J’ai donc satisfait mon appétit avec quelques dessins…
À la prochaine

lundi 3 septembre 2007

La Maison Saint-Gabriel



Parmi les quelques rares témoins des débuts de Montréal, la Maison Saint-Gabriel occupe une place de choix. Située dans la Pointe Saint-Charles, elle a été construite en 1698 sur les fondations de celle qui s’y élevait auparavant et qui avait été construite vers 1663. Elle devint la propriété de Marguerite Bourgeois en 1668. C’était alors une ferme très grande.

Pendant environ cinq ans, la maison servit d’accueil aux Filles du Roy qui arrivaient à Ville Marie. Les religieuses leur enseignait les notions élémentaires pour survivre en ce pays de froidure et devenir de bonnes maîtresses de maison. Leur passage ne se prolongeait guère car se marier signifiait recevoir une (maigre) dot du Roy. L’endroit servit aussi d’école pour les enfants des environs. La ferme apportait assez de nourriture pour les religieuses qui enseignaient gratuitement dans plusieurs endroits ainsi que pour les élèves.

Toute en pierres avec des murs de presque un mètre d’épaisseur, elle a été construite avec grand soin. On a enlevé le plafond de l’étage afin de permettre d’admirer la solidité de la construction de l’entre toit. Impressionnant! La visite des lieux éveille dans notre imagination des scènes de la vie du XVIe et XVIIe siècles, une vie à la dure où le travail manuel et l’invention devaient se conjuguer pour subsister dans un monde nouveau. Cette demeure d’autrefois est devenue un musée (1966) dans lequel sont exposés autant les instruments reliés à la culture qu’à la cuisine, l’habillement et à tous les moments de la vie quotidienne.

L’ensemble Claude Gervaise y était représenté par trois de ses membres dont le fondateur et son épouse ainsi qu’une cantatrice. Nous avons ainsi eu droit à un concert avec instruments anciens et à des commentaires très instructifs sur l’histoire de la musique en Nouvelle France.

Comme c’était la coutume autrefois, la bénédiction des vendanges a été faite avec art et humour. Un encan a suivi dans lequel on fit passer sous nos yeux (et notre nez) des tartes aux recettes secrètes, des paniers de fruits et de légumes aux couleurs d’arc-en-ciel, des élixirs à faire saliver le plus saint des moines. Comment ne pas résister à la tentation ?

Une pièce de théâtre était aussi à l’horaire. Mais… plus tard. C’était l’heure du café, mais pas chez … qui vous savez !