vendredi 25 juillet 2008

LA MAISON MAILLARD


Au coin de la Place Jacques-Cartier, au 174 est de la rue Notre-Dame, se trouve une maison fort utile aux touristes et pour cause car la ville en a fait un bureau de tourisme. La Société historique de Montréal y loge aussi. L'édifice fut construit en 1810 par Antoine Maillard.

De nouvelles techniques pour la taille de la pierre furent importées par les Britanniques au début du XIXe siècle. On réussissait alors à produire des pierres lisses. Antoine Maillard fut parmi les premiers à utiliser ce nouveau système et construisit donc sa demeure dans le style architectural français. C’était un homme fortuné. Suivant la tradition paternelle, il était boucher. Ses intérêts se dirigèrent plus tard, au début de1800, vers la fabrication de potasse, de savons et de chandelles. Il a engagé des journaliers pour ramasser les cendres des maisons, cendres qu'il utilisait pour la fabrication des savons. À ce commerce s'ajoutait celui de la confection des chandelles qu'il vendait à des marchands importants de la ville. Peu à peu, il laissa son gendre prendre la relève et devint rentier achetant plusieurs terrains dans l'ancienne ville fortifiée et même la seigneurie de l'île Bouchard.

Le premier locataire fut un avocat, John Boston. Il occupa les lieux jusqu’en 1815. Suivent de petits commerçants, des cordonniers, des épiciers et même des aubergistes. Un nouveau fabricant de savons et de chandelles leur succède, Andres William Hood. Il devient propriétaire de la maison en 1861. Le bijoutier Napoléon Lefebvre l’achète en 1885. Ce dernier occupait déjà les lieux depuis quelques années. L’édifice demeurera dans la famille jusqu’en 1967.

Et il y a eu un occupant un peu spécial dans la personne de Stanislas Vallée. Il y ouvrit le Silver Dollar Saloon et aurait encastré dans le plancher quelques trois cent cinquante pièces de un dollar américain. C’était un plaisir pour les clients de pouvoir marcher « sur de l’argent ». Ce plaisir dura jusqu’en 1918, année de la fermeture du « Saloon ». Plusieurs commerces s’établirent dans la maison dont le Silver Dollar Sweets et la United Cigar Stores. L’organisme Canadian Heritage of Québec a pris possession du bâtiment en 1969 et l’a remis par la suite à la Ville de Montréal.

La maison a subi diverses transformations ne respectant pas toujours son style. Le toit en pente avait été remplacé par une mansarde de style Victorien. Les murs de pierres furent recouverts par des pierres artificielles multicolores et brillantes. En 1983, la ville de Montréal a effectué une restauration qui ramena l'édifice à ce qu'il pouvait être lors de sa construction. Il se marie maintenant très bien avec ceux de la Place.

dimanche 20 juillet 2008

LA PLACE JACQUES-CARTIER

Une place qui ne date pas d'hier. En effet, non seulement un sentier amérindien passait-il tout près, mais le lieu aurait été occupé par eux vivant de la pêche. Puis vinrent les Français. Le marquis de Vaudreuil s'y fit construire un « château » lequel servit par la suite de résidence aux gouverneurs français et, sous l'occupation anglaise, de collège pour garçons. Mil huit cent trois, un incendie détruit tout. Sur le sol actuel, un dallage, que personne ne remarque, trace l'emplacement de ce château.


À la suite de l'incendie, un marché prit la relève. Deux jours par semaine, des maraîchers et des cultivateurs y présentaient leurs produits. Tout autour, des édifices de pierre furent construit, auberges pour les visiteurs, boutiques aux divers produits, ateliers d'artisans ingénieux.
Le marché Bonsecours ouvrit ses portes en 1847, ce qui entraîna la démolition des halles. La Place Jacques-Cartier était née. Toutefois, on continua d'y offrir les produits de la ferme. Quelques années plus tard, les hôtels firent leur apparition et restaurants et boutiques y eurent pignon sur rue. Même une fabrique de chaussures s'y installa en 1867. Le marché y survécut jusque dans les années 1950, toujours deux jours par semaine et toujours comme extention du marché Bonsecours.

Aujourd'hui, la place est toujours animée, surtout en été évidemment. Un kiosque offre des fleurs, des artistes proposent aux touristes des caricatures ou des portraits, des animateurs font des tours de passe-passe, des équilibristes provoquent des « oh! » et des « ah! », des musiciens grattent leur guitare pendant que d'autres artisans montrent des bijoux, bagues et colliers de leur création. Le tout pendant que les terrasses des restaurants offrent des menus alléchants.

Mais où est Jacques-Cartier ? Sa statue devrait se trouver quelque part. En effet, elle est quelque part, ailleurs, dans le parc Saint-Henri ! Une copie en plus. L'original est conservé dans la station de métro Place Saint-Henri. En 1893, dans un sursaut patriotique, on inaugura la statue du découvreur au dit parc. Faite de feuilles de bronze soudées, des infiltrations d'eau y produisirent des dégâts importants qui durent être réparés en 1963. En 1979, elle s'écroula. En 1992, une copie la remplaça et on restaura l'original pour finalement la placer à l'abri dans la station de métro.

Qui domine la place sur la haute colonne ? Horacio Nelson. Qui était ce personnage ? Marin d'expérience, après avoir participé à la guerre d'indépendance américaine du côté britannique, il battit la flotte française en 1798. Mais il est surtout célèbre pour sa victoire contre la coalition franco-espagnole à Trafalgar qui donna à l'Angleterre la supériorité militaire sur les mers pendant très longtemps. Il mourut lors de ce combat et fut ramené en Angleterre dans un tonneau d'eau-de-vie pour le conserver. Les marchands britanniques de Montréal la firent installée en 1810, quelques trente-trois ans avant celle de Londres! Pour marquer leur fierté, nos « britanniques-canadiens » ont nommé « Trafalgar » un important édifice sur Côte-des-Neiges, l'escalier Trafalgar qui lui fait face et donne accès à la montagne, placeTrafalgar, Place Upper Trafalgar, avenue Trafalgar et Trafalgar Heights un peu plus loin, toujours sur Côte-des-Neiges. On est victorieux ou on ne l'est pas ! Tous les hommes sont égaux et par conséquent tous les peuples. Mais certains sont plus « ego » que d'autres.



Jacques-Cartier prendra-t-il place un jour sur ce lieu qui porte son nom ? Il faudra du courage et l'Histoire nous dira qui l'a eu.

dimanche 13 juillet 2008

LA MAISON NOTMAN



Située au 51 de la rue Sherbrooke ouest, on l'appelle « Maison Notman », mais en fait ce dernier en fut le troisième propriétaire. Le premier fut William Collis Meredith, avocat irlandais. Il se fit construire cette maison en 1844-1845 sur ce qu'on appelait autrefois la Côte-à-Baron. Elle est de style néo classique, c'est à dire une architecture qui utilise des éléments gréco-romains, par exemple des colonnes, ou autres composantes. On dit qu'il aurait été condamné pour s'être battu en duel, contrevenant ainsi à la loi du Bas-Canada. Ce qui ne l'empêcha pas d'accéder à la magistrature et de jouer un rôle important dans ce domaine en devenant juge, puis juge en chef de la Cour supérieure du Québec et finalement juge à la Cour du banc de la reine.


En 1866, c'est Alexander Molson, avocat, qui en fit l'acquisition. Dix ans plus tard, William Notman acheta la maison et l'habita jusqu'en 1891. C'est lui qui laissa son nom à la maison. Il devint le photographe officiel de la reine et ouvrit de nombreux studios dans les grandes villes du pays. La totalité de sa collection de photos a été léguée au Musée McCord, soit plus de 400,000 photographies.


Un certain Sir George Alexander Drummond, Écossais, homme d'affaire très important et grand amateur d'art, acheta la maison en 1894 en y faisant ajouter un hôpital pour les soeurs de l'Anglican Order of St. Margaret afin d'y accueillir les patients souffrant de maladies incurables.


C'est en 1979 qu'elle fut classée monument historique. Ce qui n'empêcha pas des promoteurs de vouloir la transformer en restaurant d'un hôtel de luxe avec tour de sept étages. Mais comme on commençait à vouloir protéger le patrimoine, la ministre de la Culture bloqua le projet.

dimanche 6 juillet 2008

LE MILLE CARRÉ DORÉ





Comme on peut s'y attendre, ce qu'on appelle le Mille carré doré porte aussi le nom de Golden Square Mile. On est bilingue ou on ne l'est pas ! Il fait environ un mille de long par un mille de large, ou l'inverse si l'on veut... Il va de la rue Atwater à la rue Bleury (Avenue du Parc) et de la rue De la Gauchetière au Mont-Royal. Pendant presque une centaine d'années, soit de 1850 à 1930, les gens de la haute société y ont fait construire des demeures luxueuses.



On dit que le village fortifié d'Hochelaga dont parle Jacques Cartier aurait été construit sur ce territoire. Sur le terrain de l'Université McGill, une plaque commémorative en fait foi. D'abord propriété des Sulpiciens, de riches anglophones, propriétaires d'usines, de chemins de fer, marchands de fourrures, s'en sont portés acquéreurs. On y pratiquait l'équitation, cultivait potagers et jardins. Des maisons de campagne y virent le jour.



La destruction des fortifications de la ville ainsi que l'arrivée massive des « Canadiens » dans la ville (on vient travailler dans les usines) augmenta non seulement la densité de la population, mais aussi le bruit. Les taudis se multiplièrent. Les riches propriétaires, majoritairement des Écossais, fuirent alors la ville et s'installèrent au Nord, au pied de la montagne. Des demeures cossues de tous les styles y furent construites dessinées par des architectes de renom. Les réceptions et les banquets somptueux étaient à l'honneur. On dit que les deux tiers (certains avancent quatre-vingt cinq pour cent) de toute la richesse du Canada se trouvait alors concentrée dans ce mille carré auquel on ajoutera plus tard l'adjectif « doré » pour cette raison.



Le désir d'être de plus en plus juché haut sur la montagne mit celle-ci en danger de tomber entre les mains de particuliers. Les promoteurs de l'époque étaient aussi voraces que ceux d'aujourd'hui. La Ville de Montréal prit enfin les choses en main et, en 1876, la montagne devint un parc.



La crise de 1929 eut aussi des répercussions sur les gens riches. Peu à peu, les belles demeures disparurent pour laisser place à des édifices de verre, hôtels, duplex, maisons de chambres. La préservation du patrimoine architectural n'était pas encore à l'honneur. Après la seconde guerre mondiale, l'élite quitta le secteur pour des lieux plus tranquilles. Tout au plus trente pour cent de ces demeures ont survécu. Il faut rendre hommage à l'Université McGill qui en a sauvé plusieurs pour y installer quelques facultés. À signaler également un mouvement de citoyens qui a grandement aidé à préserver ces joyaux architecturaux.