samedi 31 janvier 2009

LA MAISON DE-GANNES



LA MAISON DE-GANNES


Au 834 de la rue des Ursulines à Trois-Rivières, c’est-à-dire au coin des rues Saint-François-Xavier et Notre-Dame, face à l'église anglicane St. James, se dresse une ancienne demeure construite après 1760, donc après la Conquête.

En remontant dans le temps, vers 1650, un premier bâtiment en bois est construit sur le site par Antoine Desrosiers. Français d’origine comme tous les premiers arrivants, Antoine était maître charpentier. On dit de lui qu’il était instruit. Il épousa Anne Leneuf du Hérisson de qui il eut cinq (8?) enfants. On sait aussi qu’en 1659, avec deux autres compagnons, il fut capturé par les Iroquois. Mais, chanceux, il réussit à s’échapper. On fut onze semaines sans nouvelle de lui. Il travailla pour les Jésuites à Trois-Rivières et à Champlain où il s’établit en 1665. Il construisit un moulin à vent pour les Jésuites dans la seigneurie de Batiscan. Il serait devenu juge, procureur fiscal et syndic.

Michel Godefroy de Linctot achète l’emplacement en 1657. Il en fait cadeau à sa fille lors de son mariage en 1691. Au décès de cette dernière, son époux, Jacques Hertel de Cournoyer conserve la demeure jusqu’en 1748, année de son décès. La succession vend les lieux à Hertel de Rouville, qui les garde pendant deux ans. Jean-Baptiste Bériaux, maître menuisier, en devient alors propriétaire. En 1752, la maison est détruite par le feu. Deux ans plus tard, Georges de Gannes achète le terrain .

Ce dernier arrive en Nouvelle-France en 1732. Il est militaire de carrière dans le régiment du Béarn. Il sera d’ailleurs nommé aide-major plus tard. Ce régiment devait participer à diverses batailles contre l’armée anglaise du sud, notamment le siège de Fort Frontenac, Fort Niagara, Carillon et autres. Il fait construire une nouvelle demeure sur le terrain vers 1756. Après la Conquête, il retourne en France alors que son épouse et ses enfants continuent d’habiter l’endroit jusqu’en 1764. Il fut fait « Chevalier de Saint-Louis » et mourut en 1767.

La nouvelle maison est en pierre, cette fois. C’est celle qui a traversé le temps jusqu’à nos jours. Elle est revendue à plusieurs reprises. C’est tantôt un maître fondeur qui y séjourne, puis un chanoine, suit un juge, après quoi la demeure passe aux mains d’un marchand qui la vend à un journaliste. Comme on peut s’y attendre, elle subit plusieurs transformations. La compagnie Wayagamack Pulp and Paper en devient propriétaire de 1925 à 1940. Elle aussi joua du marteau et de la scie, mais, dit-on, en respectant le cachet historique de la maison.

En 1961, elle fut finalement déclarée monument historique classé.


Sur le croquis, la maison De-Gannes est à droite tout en blanc.

samedi 17 janvier 2009

LA MAISON DE LA DOUANE


L'archéologie affirme que deux mille ans avant l'arrivée des blancs, ce lieu était fréquenté par les autochtones. Sous l'occupation française, jusque dans les années 1770, il devint l'endroit où les Amérindiens sont venus faire le troc des fourrures. Puis c'est le marché qui y prit place. C'est à cet endroit ou tout près qu'a eu lieu la Grande Paix de 1701.

Plus tard, vu la proximité du port, le gouvernement du Bas-Canada y érige la première maison de la Douane en 1836-1838 pour y installer les bureaux et les salles d'inspection. C'est un bâtiment tout simple d'inspiration néoclassique anglaise.

Quelques années plus tard, on se plaint déjà de l'étroitesse des lieux. Ce n'est qu'en 1870 que le gouvernement fédéral transporte la douane dans l'édifice de la Royal Insurance Company qui occupait alors le site de l'actuelle Pointe-à-Callières. La Maison de la Douane abrite alors des bureaux du ministère du Revenu. Bientôt, on se sent encore à l'étroit. La décision est prise d'agrandir l'édifice. On démonte alors la façade sud donnant sur le fleuve, allonge la bâtisse de vint-six pieds et on reconstruit la façade. Deux fenêtres s'ajoutent alors sur les côtés de la bâtisse.

Le Ministère du Revenu occupe les lieux jusqu'en 1921. Le Ministère des Travaux publics prend alors la relève jusqu'en 1960. L'espace est loué au service de la quarantaine, puis au département de l'Agriculture. La Ville de Montréal achète l'édifice en 1991 et le cède au Musée Pointe-à-Callières qui le transforme pour en faire une boutique de souvenirs au rez-de-chaussée et une salle d'exposition à l'étage. Le sous-sol de la Maison de la Douane communique avec le Musée formant un parcours des plus intéressants sur l'histoire de la Ville. On y voit une partie des anciennes murailles de la ville et aussi d'intéressantes reproductions miniatures sur l'évolution de la ville. Quant aux ruines des premières demeures, il faut avoir un œil averti (sinon deux !)pour comprendre et imaginer quelque chose...
Source : Site Web officiel du Vieux-Montréal

vendredi 9 janvier 2009

MANOIR DE TONNANCOUR




Au numéro 864 de la rue des Ursulines à Trois-Rivières, se dresse un imposant édifice, le Manoir de Tonnancour. Construit entre 1723 et 1725 pour René Godefroy de Tonnancour, il comportait alors deux sections, une résidence et des magasins. Peut-on parler d'une ancienne construction sans avoir à l'esprit que le feu y a fait des siennes ? Ce fut le cas pour le Manoir en 1784, le feu ayant détruit l'étage et les combles. Par bonheur, tout fut reconstruit douze ans plus tard par le juge Pierre-Louis Deschenaux. Comme tant d'autres demeures, des transformations majeures ont été effectuées. Ainsi un troisième étage en bois fut ajouté et le toit fut fait à la Mansart.

René Godefroy de Tonnancour occupa le Manoir jusqu'en 1738, année de son décès. Trifluvien de naissance, il fut procureur du roi, juge, garde-magasin du roi, commerçant et propriétaire de plusieurs seigneuries. Père de dix enfants, il fut ennobli en 1718, devenant ainsi Sieur René Godefroy de Tonnancour. Son fils Louis-Joseph Godefroy de Tonnancour hérita du Manoir. Il suivit les traces de son père remplissant les mêmes fonctions.



Après l'incendie de l'édifice, onze ans s'écoulèrent avant qu'il ne fut reconstruit par le juge Pierre-Louis Deschenaux. Natif de Québec, il fut nommé premier juge provincial. Il est à l'origine du Séminaire de Nicolet et une certaine rue porte son nom près du Saint-Maurice. Grand érudit, le juge a légué une importante bibliothèque pour l'époque, soit mil cinq cent volumes qui sont maintenant exposés dans la section musée du Manoir.



Le bâtiment a eu une histoire variée. En 1812, il devient propriété du gouvernement qui le transforme en caserne militaire. Dix ans plus tard, l'Évêché l'acquiert pour en faire un presbytère. Trente ans années se passent, puis le Manoir héberge l'Évêché jusqu'en 1874. Les Jésuites prennent la relève de 1882 à 1889. Pendant les treize années qui suivent, le Manoir est inoccupé. Ce sont les Filles de Jésus qui acquièrent l'édifice en 1902. C'est alors la naissance du Jardin de l'Enfance, école primaire pour garçons. Elles y seront jusqu'en 1966. Une aile est ajoutée au Manoir en 1910 après le feu de Trois-Rivières en 1908. Devant le nombre grandissant de garçons fréquentant le Jardin, les religieuses doivent de nouveau agrandir les locaux par deux fois. Le nombre de jeunes atteindra 420 en 1967 alors qu’ils seront relogés au Cap-de-la-Madeleine. En 1972, les ajouts sont démolis, à l’exception de la partie qui devient une résidence pour la communauté. Le Manoir retrouve donc sa silhouette d’antan.



Le « Manoir de Tonnancour » est classé monument historique en 1966. Suivent d'importantes restaurations intérieures l'année suivante. La Ville de Trois-Rivières devient propriétaire du Manoir en 1976. Avec l'aide du ministère des Affaires culturelles, le Manoir est restauré comme à l'époque du juge Deschenaux. Une galerie d'art ainsi qu'un centre d'exposition occupent maintenant ces lieux imprégnés d'histoire.