vendredi 9 janvier 2009

MANOIR DE TONNANCOUR




Au numéro 864 de la rue des Ursulines à Trois-Rivières, se dresse un imposant édifice, le Manoir de Tonnancour. Construit entre 1723 et 1725 pour René Godefroy de Tonnancour, il comportait alors deux sections, une résidence et des magasins. Peut-on parler d'une ancienne construction sans avoir à l'esprit que le feu y a fait des siennes ? Ce fut le cas pour le Manoir en 1784, le feu ayant détruit l'étage et les combles. Par bonheur, tout fut reconstruit douze ans plus tard par le juge Pierre-Louis Deschenaux. Comme tant d'autres demeures, des transformations majeures ont été effectuées. Ainsi un troisième étage en bois fut ajouté et le toit fut fait à la Mansart.

René Godefroy de Tonnancour occupa le Manoir jusqu'en 1738, année de son décès. Trifluvien de naissance, il fut procureur du roi, juge, garde-magasin du roi, commerçant et propriétaire de plusieurs seigneuries. Père de dix enfants, il fut ennobli en 1718, devenant ainsi Sieur René Godefroy de Tonnancour. Son fils Louis-Joseph Godefroy de Tonnancour hérita du Manoir. Il suivit les traces de son père remplissant les mêmes fonctions.



Après l'incendie de l'édifice, onze ans s'écoulèrent avant qu'il ne fut reconstruit par le juge Pierre-Louis Deschenaux. Natif de Québec, il fut nommé premier juge provincial. Il est à l'origine du Séminaire de Nicolet et une certaine rue porte son nom près du Saint-Maurice. Grand érudit, le juge a légué une importante bibliothèque pour l'époque, soit mil cinq cent volumes qui sont maintenant exposés dans la section musée du Manoir.



Le bâtiment a eu une histoire variée. En 1812, il devient propriété du gouvernement qui le transforme en caserne militaire. Dix ans plus tard, l'Évêché l'acquiert pour en faire un presbytère. Trente ans années se passent, puis le Manoir héberge l'Évêché jusqu'en 1874. Les Jésuites prennent la relève de 1882 à 1889. Pendant les treize années qui suivent, le Manoir est inoccupé. Ce sont les Filles de Jésus qui acquièrent l'édifice en 1902. C'est alors la naissance du Jardin de l'Enfance, école primaire pour garçons. Elles y seront jusqu'en 1966. Une aile est ajoutée au Manoir en 1910 après le feu de Trois-Rivières en 1908. Devant le nombre grandissant de garçons fréquentant le Jardin, les religieuses doivent de nouveau agrandir les locaux par deux fois. Le nombre de jeunes atteindra 420 en 1967 alors qu’ils seront relogés au Cap-de-la-Madeleine. En 1972, les ajouts sont démolis, à l’exception de la partie qui devient une résidence pour la communauté. Le Manoir retrouve donc sa silhouette d’antan.



Le « Manoir de Tonnancour » est classé monument historique en 1966. Suivent d'importantes restaurations intérieures l'année suivante. La Ville de Trois-Rivières devient propriétaire du Manoir en 1976. Avec l'aide du ministère des Affaires culturelles, le Manoir est restauré comme à l'époque du juge Deschenaux. Une galerie d'art ainsi qu'un centre d'exposition occupent maintenant ces lieux imprégnés d'histoire.