dimanche 6 juillet 2008

LE MILLE CARRÉ DORÉ





Comme on peut s'y attendre, ce qu'on appelle le Mille carré doré porte aussi le nom de Golden Square Mile. On est bilingue ou on ne l'est pas ! Il fait environ un mille de long par un mille de large, ou l'inverse si l'on veut... Il va de la rue Atwater à la rue Bleury (Avenue du Parc) et de la rue De la Gauchetière au Mont-Royal. Pendant presque une centaine d'années, soit de 1850 à 1930, les gens de la haute société y ont fait construire des demeures luxueuses.



On dit que le village fortifié d'Hochelaga dont parle Jacques Cartier aurait été construit sur ce territoire. Sur le terrain de l'Université McGill, une plaque commémorative en fait foi. D'abord propriété des Sulpiciens, de riches anglophones, propriétaires d'usines, de chemins de fer, marchands de fourrures, s'en sont portés acquéreurs. On y pratiquait l'équitation, cultivait potagers et jardins. Des maisons de campagne y virent le jour.



La destruction des fortifications de la ville ainsi que l'arrivée massive des « Canadiens » dans la ville (on vient travailler dans les usines) augmenta non seulement la densité de la population, mais aussi le bruit. Les taudis se multiplièrent. Les riches propriétaires, majoritairement des Écossais, fuirent alors la ville et s'installèrent au Nord, au pied de la montagne. Des demeures cossues de tous les styles y furent construites dessinées par des architectes de renom. Les réceptions et les banquets somptueux étaient à l'honneur. On dit que les deux tiers (certains avancent quatre-vingt cinq pour cent) de toute la richesse du Canada se trouvait alors concentrée dans ce mille carré auquel on ajoutera plus tard l'adjectif « doré » pour cette raison.



Le désir d'être de plus en plus juché haut sur la montagne mit celle-ci en danger de tomber entre les mains de particuliers. Les promoteurs de l'époque étaient aussi voraces que ceux d'aujourd'hui. La Ville de Montréal prit enfin les choses en main et, en 1876, la montagne devint un parc.



La crise de 1929 eut aussi des répercussions sur les gens riches. Peu à peu, les belles demeures disparurent pour laisser place à des édifices de verre, hôtels, duplex, maisons de chambres. La préservation du patrimoine architectural n'était pas encore à l'honneur. Après la seconde guerre mondiale, l'élite quitta le secteur pour des lieux plus tranquilles. Tout au plus trente pour cent de ces demeures ont survécu. Il faut rendre hommage à l'Université McGill qui en a sauvé plusieurs pour y installer quelques facultés. À signaler également un mouvement de citoyens qui a grandement aidé à préserver ces joyaux architecturaux.