vendredi 19 octobre 2007

LE CIMETIÈRE NOTRE-DAME-DES-NEIGES



Ouvert en 1855, il n’est pas aussi vieux que celui du Père Lachaise à Paris ou du cimetière juif à Prague, ni ne renferme des tombes, monuments et mausolées comme jetés pêle-mêle, sans ordre. Il est magnifique, calme et très grand. Il a été dessiné par un architecte de New York dans un style anglais, ce qui a comme conséquence que, d’où que l’on soit, on ne voit qu’un petite partie du domaine. Ce n’est pas non plus la première nécropole de Montréal, mais on y a relocalisé de nombreuses sépultures en provenance en particulier du cimetière Saint-Antoine autrefois situé sur Dominion Square (il en resterait encore…).
Des terrains sont réservés à des groupes particuliers comme par exemple celui des pompiers et des communautés religieuses. Des sections sont spécialement destinées à accueillir les restes de différentes communautés ethniques, chinois, grecques, japonais etc. Ainsi le mausolée de La Pietà (qui contient une reproduction grandeur nature de l’œuvre de Michel-Ange) semble ne contenir que des cercueils de familles italiennes, ou du moins en très grande majorité.
Quand on s’y promène, on se sent loin de la civilisation, de la circulation automobile. Tout est silence. Seuls les oiseaux et les écureuils manifestent leur présence ainsi que quelques voitures amenant des parents venus se recueillir sur la tombe d’un des leurs. Ces jours-ci, les employés, en grève partielle (!), ont recommencé à couper l’herbe et les fleurs sauvages. De sorte que le cimetière, à mes yeux, est à perdre un charme poétique que jamais la tonte du gazon ne peut obtenir.
Je me suis mis à la recherche de quelques trésors en ce lieu de paix. À la suggestion d’un employé, j’ai ainsi fait la découverte d’un bas relief représentant chasseur, monument à un français décédé en terre québécoise, sans doute un grand chasseur devant l’Éternel ! On m’a aussi indiqué où trouver ce que les préposés surnomment le diable, une statue d’un ange devenue toute noire avec le temps. J’ai finalement repéré un chef d’œuvre sculptural d’Alfred Laliberté, un de nos grands sculpteurs québécois, l’Ange à l’aile brisée, oeuvre d’une grande beauté. Dans le mausolée Marguerite d’Youville, j’ai admiré La Transmutation, sorte d’installation qui présente des parties de corps diaphanes qui montent en spirale et deviennent de plus en plus complets à mesure qu’ils atteignent l’étage supérieur. Il me reste à découvrir entre autres un cénotaphe sculpté en marbre de Carrare (inconnu de l’employé) et plusieurs bustes en bronze, oeuvres du célèbre sculpteur Louis-Philippe Hébert. Sur cinquante-cinq kilomètres de sentiers et entre les quelques 10,000 arbres du domaine, outre les mausolées familiaux, il y a sans doute de nombreuses autres trouvailles à faire et à croquer dans mon cahier.