vendredi 4 décembre 2009

CHAMPS DE MARS - Montréal


Rue Saint-Antoine (angle Gosford)


Pour les Romains, Mars était le dieu de la guerre. Aussi l’endroit où l’armée romaine s’exerçait avait pour nom « Champs de Mars ». Il n’est donc pas surprenant que plusieurs villes aient baptisé leur terrain d’exercices militaires du même nom.

Le terrain du Champs-de-Mars actuel a d’abord appartenu à Lambert Closse, un héros des débuts du jeune bourg Ville-Marie. En raison des attaques iroquoises, pour protéger la ville naissante, une première palissade de bois fut construite entre 1687 et 1689. En 1712, l’affrontement entre la France et l’Angleterre incite le roi à permettre la construction d’une muraille en pierre autour de la ville, mais son édification ne commença qu’en 1717 et se termina que vingt ans plus tard. Elle comprenait le mur extérieur, l’escarpe, et le mur intérieur, la contrescarpe avec un fossé entre les deux et faisait plus de trois kilomètres avec une hauteur de 6,4 mètres. Tout y était : chemins de ronde, petites portes, meurtrières, huit grandes portes et même des ponts levis, dans le style des murailles de France. En 1744, des améliorations furent apportées. Mais aucun coup de fusil ne fut tiré quand l’armée britannique s’empara de la ville en 1760.

Au début du XIXe siècle, devenue inutile et empêchant le développement de la ville, la muraille fut détruite en 1812. C’est alors que le « Champs-de-Mars » devint un lieu de parades et de défilés militaires. Les Montréalais l’envahissaient pour s’y promener mais aussi pour assister aux pendaisons. On dit que c’était mal vu de ne pas y assister et on emmenait les enfants sans doute pour parfaire leur éducation morale…

Certains rassemblements furent plus marquants. Le 22 novembre 1885, une foule nombreuse s’y regroupa pour protester contre la pendaison de Louis Riel. Dans les années 1890, un marché public s’y installa. En 1915, des rumeurs de conscription obligatoires circulaient. Ce qui occasionna beaucoup d’agitation chez les canadiens français et, le 26 juillet, lors de discours violents contre l’enrôlement, des bagarres y éclatèrent. L’armée intervint et plusieurs arrestations s’en suivirent. En 1926, les élus municipaux payèrent un tribut à l’automobile en faisant de cet emplacement un terrain de stationnement. En 1990, c’est le discours de Nelson Mandela qui attira une foule nombreuse. De 1986 à 1991, des fouilles archéologiques ont mis à jour les restes des remparts.

En 1991, la flamme patrimoniale fit en sorte qu’on commença à mettre en valeur les vestiges des anciennes fortifications. Dans le fossé entre les deux parties de la muraille, les archéologues ont découvert des os de grenouilles, de rats musqués et même de tortues. Ce que l’on voit aujourd’hui sont des répliques des anciens remparts reconstitués à l’aide des pierres des anciennes murailles pour rappeler à tous un pan de l’histoire de Montréal. En 1992, le site était aménagé pour les célébrations du 350e anniversaire de la fondation de Ville-Marie.