mardi 17 juillet 2007

CORDOBA: MEDINA AZAHARA



Il y a des légendes que l’on aime entendre et répéter. Celle concernant la ville de Médina Azahara raconte que le Calife Abd Al-Rahman III fit construire cette cité pour sa bien-aimée. Romantique. Mais la réalité semble tout autre. En raison de l’étroitesse des locaux administratifs et par manque d’espace pour construire ou agrandir les dépendances, le Sultan fit bâtir une nouvelle ville à sept kilomètres de Córdoba dans les contreforts de la Sierra Morena. Les travaux commencèrent en 936. Vers 1010, des troubles internes causèrent la disparition du califat et des troupes berbères détruisirent la ville. Par la suite, on pilla systématiquement les lieux pour construire ailleurs églises et palais. Ce n’est qu’en 1854 que les premiers travaux d’excavation redonnèrent une deuxième vie à la ville. Un autobus nous y amène et nous reprend deux heures plus tard.

Les archéologues ont du travail pour au moins cent ans car à peine dix pour cent du territoire a été excavé. Comme on peut s’y attendre, les promoteurs ont les yeux sur ce terrain « vacant » et on est à s’organiser pour le défendre. Ce sont des ruines. On se promène parmi des débris de murs sans porte ni fenêtre ni toit. De grandes quantités d’éléments originaux trouvés sur place ont permis la reconstruction de quelques édifices qui permettent d’imaginer la beauté et la magnificence des lieux. La « puerta del Primer Ministro » vaut le détour pour ses arcs d’une grande élégance et ses planchers en mosaïques. Mais c’est surtout le Salon des Ambassadeurs qui retient l’attention. Il a été reconstruit à l’aide du matériel trouvé sur place. Grand, il a cinq nefs, ses décorations florales en plâtre sont superbes. Même les colonnes alternant le marbre noir et blanc ajoutent à l’atmosphère.
La Mesquita (mosquée) est encore dans l’état où les fouilles ont permis de la faire sortir de terre. On peut y distinguer cinq nefs et elle semble avoir été construite sur le modèle de celle de Córdoba.
Se promener dans Médina Azahara est un retour dans un passé glorieux.

Le monde arabe a été mis en contact avec la civilisation grecque par les Syriens. Socrate, Platon, Homère et tous les autres ont alors été traduits en arabe. C’est ainsi qu’ils sont arrivés à Córdoba, centre de la culture maure au XIIe siècle. Avicenne et son Canon de la Médecine, Averroès et ses commentaires sur Aristote et tous les autres savants arabes ont ainsi influencé la culture latine d’Europe. Mais un certain Tatien (169) nous rappelle que les Grecs aussi avaient puisé leur science ailleurs : l’astronomie au Babyloniens, la géométrie aux Égyptiens, l’écriture alphabétique aux Phéniciens…

Comme il est écrit quelque part : « Rien de nouveau sous le soleil »…