Au numéro 197 de la rue Bonaventure, une demeure construite en 1828 a conservé presque intact son visage d’autrefois. Le premier propriétaire en fut l’avocat Antoine Polette qui devint sénateur. Il fut également le second maire de la ville de 1846 à 1853 au moment ou Trois-Rivières devenait une cité. En 1834, il fut l’un des commissaires chargés de la construction d’un pont sur la rivière Saint-Maurice. Député de la ville de Trois-Rivières, il devint membre du Conseil de la Reine et juge de la cour Supérieure de la ville. Il fut à l’origine de l’arpentage de la région du Saint-Maurice pour en évaluer la richesse forestière, ce qui permit un développement considérable du territoire et amena la prospérité à Trois-Rivières. Jusqu’en 1868, la famille Polette y demeura.
Quelques propriétaires se succédèrent. Octave Girard fut l’un d’eux. Il acquit la demeure à la fin du XIXe siècle. Il avait fondé une manufacture de cercueils en 1860. Cette compagnie fonctionna jusqu’en 1975, fermant ses portes à la suite d’un conflit de travail. Elle avait entre temps changé de direction et de nom, devenant la Compagnie Girard et Godin puis une filiale de la Dominion Manufacturers de Toronto. On raconte que lors de l’incendie de 1908, la manufacture prêta des tuyaux aux pompiers. La maison Polette subit quelques transformations sous les Girard. Une rallonge fut ajoutée à l’arrière pour la cuisine.
Des professionnels s’installèrent dans la demeure en 1964. Parmi eux, des avocats. Suivirent deux ans pendant lesquels elle fut inoccupée. Les propriétaires actuels l’achetèrent en 1999. Le couple Parent, lui chiropraticien, transformèrent l’édifice en auberge sous le nom de « Manoir de Blois, la petite auberge de la Bonaventure ». La demeure a ainsi retrouvé sa vocation d’origine, celle d’accueillir et abriter des personnes dans une ambiance familiale.
L’intérieur renferme des trésors dignes d’un musée. On peut y voir un piano en bois de rose datant de 1911, des fauteuils des années 1830, des chaises qui servent depuis près de deux cents ans, une table de noyer des années mil huit cent cinquante. Une décoration choisie avec goût accueille les visiteurs. Quant au nom « Blois », il faisait déjà partie de l’histoire de la ville avec le Château de Blois malheureusement incendié en 1966. Comment est-il devenu aussi notoire à Trois-Rivières ? Faut-il remonter aux Comtes de Blois dont le château devint la demeure des rois de France et où Jeanne d’Art vint y faire bénir son étendard alors que le dauphin Charles y avait sa cour ? Qui sait ?