vendredi 27 février 2009

LA MAISON TURCOTTE


Cette magnifique demeure du 858 de la Terrasse Turcotte aurait été construite vers 1850 et la seule de la terrasse que le feu de 1908 a épargnée. Joseph-Édouard Turcotte était un avocat de profession. Arrivé dans la ville en 1839, il fut très actif. Maire de Trois-Rivières de 1857 à 1863, propriétaire et rédacteur en chef du Journal des Trois-Rivières, il participa à la fondation du Collège qui devait devenir plus tard le Séminaire Saint-Joseph. Il fut même nommé conseiller de la reine. Il se lança aussi en politique et fut élu député de Saint-Maurice, puis dans Maskinongé, Champlain et Trois-Rivières. Il fut solliciteur général du Bas-Canada, sans siège, ajoute-t-on.

Une légende raconte que pendant sa campagne dans Maskinongé, comme on ne voulait pas l’écouter, il se mit à chanter son discours. Il aurait eu une voix plus belle que celle d’un certain Xavier Baron du village mais ne pouvait pas chanter aussi fort. C’est alors qu’aurait eu lieu une joute de tir-au-poignet. Ayant battu son adversaire Xavier Baron deux fois, on lui permit alors de continuer sa campagne électorale et fut effectivement élu.
C’est aussi à J.E.Turcotte que l’on doit la belle terrasse qui permet une magnifique vue sur le port et le fleuve. Elle a évidemment été transformée et améliorée au cours des ans.


En 1885, arrive un nouveau propriétaire, A. Alexander Baptist. C’était un important commerçant de bois. Une chambre de commerce avait vu le jour en 1871, mais le crash survenu deux ans plus tard lui avait donné un rude coup. Alexander Baptist la fit renaître en 1881 ce qui permit un regain de prospérité dans la ville et la région. Ses descendants occupèrent la maison jusqu’en 1922.


C’est alors le fondateur de la Wabasso et de la Wayagamack Pulp and Paper qui s’y installa, Charles Ross Whitehead. La création de la Wabasso Cotton arrivait à un tournant important. Si auparavant les Canadiens s’habillaient de vêtements confectionnés à la maison, en raison de hausse tarifaire entraînant la réduction d’importation d’articles en coton, la production locale de vêtements et tissus s’intensifiât. Le coton de la Wabasso acquit bientôt une excellente renommée due en particulier à la qualité de l’eau du Saint-Maurice. Fondée dans l’année précédant le grand feu, la Wabasso ferma ses portes en 1985. Le groupe Whitehead a joué un rôle majeur dans le développement industriel de la ville. Un monument à C.R. Whitehead a d’ailleurs été élevé dans le Parc des Pins.


La maison devient un hôtel de 1946 à 1950 sous le nom d’Hôtel Le Voyageur. Puis le maire J.A. Mongrain prend la relève et devient propriétaire de la demeure. Il en fait un hôtel de luxe, le Normandy de 1950 à 1956. Il a lutté pour que le port d’armes soit plus réglementé. Il s’est aussi lancé en politique étant élu député d’abord en tant qu’indépendant puis comme membre du parti libéral. Un célèbre débat oratoire eu lieu en 1952 entre lui et son ennemi juré, Maurice Duplessis. Lorsque le pont Duplessis tomba, le maire clamait haut et fort que la cause était la mauvaise qualité des matériaux. Pendant ce temps, Maurice Duplessis affirmait de son côté que c’était du sabotage organisé par les Communistes.


En 1957, l’Unité Sanitaire occupa la demeure. C’est la première des institutions publiques à y loger. D’autres ont suivi.

vendredi 20 février 2009

LES URSULINES






C’est en août 1697que trois Ursulines sont arrivées à Trois-Rivières. Installées dans une maison offerte par Mgr. De Saint-Vallier, les agrandissements ne tardèrent pas pour répondre aux besoins de leur mission qui était d’éduquer les jeunes filles et soigner les malades. Elles durent faire face aussi à de nombreux problèmes monétaires surtout en ce qui concerne l’hôpital.

Dès 1701, l’année de la Grande Paix de Montréal, le roi Louis XIV autorise l’érection du monastère. L’hôpital suit l’année suivante et la chapelle est construite en 1715. Elle sera rénovée deux cents ans après l’arrivée des religieuses et surmontée d’une coupole magnifique, sans oublier les fresques, les peintures et les sculptures. Mai auparavant, deux incendies rendront visite au monastère soit en 1752 et en 1806.

Après la Conquête, les religieuses ont fait face à un problème insolite pour l’enseignement du français : il n’y avait plus qu’une seule grammaire française ! Elle fut placée au centre de la classe afin d’être consultée par tous les élèves. Seule la religieuse avait le droit de tourner les pages afin de protéger le précieux volume.

Elles se sont impliquées dans tous les domaines de l’enseignement : primaire, secondaire, classique, école normal, enseignement ménager. Pour cela elles ont dû sortir de leur couvent. D’abord transportées dans une voiture tirée par un cheval, elles optèrent plus tard pour un autobus aux fenêtres opaques, étant des religieuses cloîtrées. Elles ont essaimé à Shawinigan et Grand-Mère et même aux États-Unis, toujours pour l’enseignement auprès de la jeunesse féminine. Faute de relève adéquate, la communauté s’est retirée du réseau des écoles publiques entre 1960 et 1970.

Dès 1715, les religieuses ouvrirent les portes de leur hôpital qui contenait une douzaine de lit. C’était l’hôpital général de la région. Il fut en activité jusqu’en 1886 alors que les Sœurs de la Providence fondaient l’hôpital Saint-Joseph. Les Ursulines prirent soin de quelques vingt-et-un soldats américains pendant quatre cent quarante-deux jours lorsque ces derniers tentèrent de s’emparer du pays en 1775-76. Le coût total des soins prodigués s’élevait à vingt-six livres, trois sols et six deniers, environ cent quatre dollars. Elles ont été payées avec des billets du trésor américain que les troupes utilisaient. Elles ne reçurent jamais l’argent qu’on leur devait. On calcule aujourd’hui que le Gouvernement américain leur doit approximativement dix-huit millions de dollars… Les religieuses conservent dans leur musée ces billets qui ne valent que « le papier » sur lequel ils sont imprimés.

Sur le grand mur extérieur blanc de leur édifice, un grand cadran solaire indique toujours l’heure lorsque le soleil le permet. Il date de 1860 et fut restauré à plusieurs reprises.
Dans l’ancien hôpital, un musée conserve précieusement objets et documents en relation avec le patrimoine trifluvien et l’aventure des religieuses. Activités diverses et expositions instruisent les visiteurs sans oublier la visite de ces lieux historiques.

1962 a enfin marqué la sauvegarde de ce site mémorable érigé aux numéros 730-732 de la rue des Ursulines.

vendredi 13 février 2009

L'ÉGLISE ST.JAMES




Il semblerait que le Père Denys Jamet, Récollet, en passant à Trois-Rivières des 1615, donc avant la fondation même de la ville, a célébré la première messe le 26 juillet. Selon d’autres sources, le Père Paul Huet, accompagnant Champlain, aurait construit la première chapelle et célébré la première messe le 7 juillet 1618. En 1692, les Récollets ayant reçu un lopin de terre, un monastère en bois fut érigé. Six ans plus tard, le frère Didace Pelletier commença la construction d’une église, également en bois. Il se pourrait cependant que ce soit en mai 1693 que la construction commença. Les dates ne sont pas toujours précises.

Le frère Didace n’en était pas à sa première tâche. Il avait déjà été très actif comme menuisier et charpentier dans des constructions pour la communauté à Percé ainsi qu’à l’Île Bonaventure, puis à Terre-Neuve et même à Montréal. En 1699, alors qu’il préparait le bois pour l’érection de l’église, une pleurésie l’emporta. L’église fut terminée l’année suivante. Un autre récollet en avait fait les plans, le père Luc Filiastre. L’épouse du notaire Jean-Baptiste Pothier aurait été guérie par l’intercession du frère Didace. Une autre guérison lui aurait été attribuée car une enquête relative à ce miracle eu lieu dans la sacristie en septembre 1703.

En 1742, il fallut reconstruire l’église car le temps avait fait son œuvre. Cette dernière ne dura que douze ans. Une nouvelle construction s’ensuivit, en pierre cette fois, que l’on admire encore aujourd’hui au 787 de la rue des Ursulines. C’était cinq ans avant la bataille des Plaines d’Abraham.

Un an après la prise de Québec, Trois-Rivières se rend. C’est dans la chapelle des Récollets que les officiers français remettent les armes aux conquérants. Ces derniers sont protestants. Aussi, après la sécession définitive de la Nouvelle-France à l’Angleterre, l’interdiction de recruter des sujets est imposée tant aux Jésuites qu’aux Récollets. En 1776, ces derniers quittent la ville. Sous l’autorité anglaise le couvent et l’église changent de vocation. Le premier devient hôpital, puis il est transformé en prison, en palais de justice. L’église sert au culte anglican, on y entrepose aussi le matériel de l’hôpital.

Les catholiques réagirent à ces transformations en enlevant les objets religieux et en déposant une partie chez les Ursulines alors que d’autres pièces étaient transportées au monastère récollet de Québec. Les religieuses auraient acheté un tabernacle doré. Il est difficile de suivre le parcourt de ces objets, mais il semble que l’autel aurait finalement abouti dans la sacristie de la paroisse Saint-Maurice, probablement vers 1845.

Le 15 août 1823, par décret du roi George IV, l’Église anglicane prend possession des lieux sous le nom de St-James. L’église est restaurée: la pente du toit est réduite, un nouveau clocher est installé et un nouveau fronton est ajouté. On modifie aussi l’intérieur. Autres rénovations en 1863 de même qu’en 1917.

Le 14 août 2003, le site a été reconnu comme faisant parti du Patrimoine.

vendredi 6 février 2009

LA MAISON HERTEL DE LAFRESNIERE


Elle a été édifiée de 1824 à 1829 sur la rue des Ursulines au numéro civique 314. Construite en pierre, elle avait à l’origine des jalousies vertes à toutes les fenêtres. Sur le terrain, se trouvaient également une écurie, un hangar à bois, une remise pour les voitures, une latrine double, une glacière et même un puits. Il ne reste que la maison dans un état de conservation presque parfait.

Le terrain a vu d’autres demeures. D’après les documents, un certain Michel Godefroy de Linctot, premier véritable trifluvien né en 1637, habite une maison sur cet emplacement. C’était une petite maison de dix mètres par six. Il fut capitaine et participa à la campagne pour chasser les Anglais de Terre-Neuve en 1705. Il vécu dans la plus grande misère et mourut à Trois-Rivières en 1709. Un texte mentionne qu’il possédait trois fusils, quatre bêtes à cornes et vingt arpents de terre.

Mathurin Baillargeon possède l’endroit en 1650. Arrivé au pays vers 1648, il fait partie des quatorze premiers colons de la ville. On sait que lui aussi possédait du bétail et quelques arpents de terre.

Débarqué en Nouvelle-France vers 1647, Pierre Dandonneau achète le terrain en 1652. On dit de lui qu’il était « sérieux et tenace ». Il arriva en tant qu’employé sous contrat (donc un « trente-six mois ») pour Jean Godefroy de Lintot. Il se maria avec une « fille du roi », Françoise Jobin. Il reçu une concession dans les iles du Saint Maurice et quelques années plus tard une concession du Seigneur Pézar de La Tousche à Champlain où il fut l’un de ses censitaires. Il n’est pas impossible qu’il ait fait le commerce de l’eau de vie(?).

Arrive Joseph-François Hertel De La Fresnière en 1668. Baptisé à Trois-Rivières en 1642, il fut militaire dans les troupes de la marine. En 1661, il fut capturé et adopté par les Iroquois lors d’une sortie imprudente, dit-on. Il passa deux ans en captivité. Il a écrit une lettre à sa famille sur une feuille d’écorce. Il enseigna plus tard les tactiques iroquoises de combat à la milice qu’il dirigeait et accompagna Frontenac dans sa campagne contre les Iroquois jusqu’au lac Ontario. Il se hasarda dans le commerce illégal de fourrures et fut emprisonné. Son séjour en prison fut bref, car on avait besoin de sa connaissance de la langue iroquoise ainsi que de leurs stratégies de combat. Il devint commandant du Fort Frontenac. Il fut anobli par Louis XV en 1716. Comme sa famille demeura sur le site pendant plus d’une centaine d’années, la maison actuelle fut nommée Maison Hertel de Lafresnière pour souligner leur apport à l’histoire de la ville.

De 1824 à 1829, une maison trois fois plus grande est construite par François Lafontaine. Il est maître menuisier et sculpteur. Associé à François Normand, il exécuta des travaux dans la salle d’audience du Palais de Justice de la ville ainsi qu’un grand baldaquin à l’intérieur de l’église de Trois-Rivières, la nef, des confessionnaux, un baptistère, les balustrades et des autels.

Par la suite différents propriétaires s’établirent dans la demeure. Il y eu des avocats, un commerçant de bois, un curé et même un gazier américain. En 1899, ce sont les Ursulines qui prirent possession de la maison. Elles y ont demeuré jusqu’en 1981 même si la Ville de Trois-Rivières s’en était portée acquéreur en 1970. Rénovée en 1981, elle accueillit la Maison des Vins. Le Salon du livre de Trois-Rivières y a maintenant installé ses bureaux à l’étage tandis que des expositions temporaires sont présentées au rez-de-chaussée.

Depuis 1961, elle est classée monument historique.