dimanche 29 juillet 2007

Un oublié, le Daniel McAllister


REMORQUEUR

Il s’appelait Helena en 1907 lorsqu’il commença a travailler sur la côte atlantique. Aujourd’hui, ce remorqueur est vieux, tout rouillé, photographié par les touristes et planté dans le bassin des écluses depuis 1999. Il a eu une longue carrière et travaillé même dans les grands lacs. C’est en 1967 qu’il fut acheté par la compagnie McCallister Towing Cie. et changea de nom pour devenir le Daniel McCallister

En 1980, il prit sa retraite et fut acheté par la Société du Port de Montréal. Aujourd’hui on est fier de signaler que c’est le plus ancien et le plus gros remorqueur au Canada et le second plus vieux remorqueur de mer au monde.

Le visiter ? Impossible. Toutes ses portes sont cadenassées. Chose étrange, aucune amarre ne le retient à la terre ferme… C’est qu’il repose sur une base de béton. On dit même qu’il est comme une passoire et que lorsqu’on retire l’eau du bassin, l’eau s’écoule de ses flancs pendant des heures.

En fait, il est triste à voir. La rouille le ronge, la peinture s’écaille, les pièces de bois se désintègrent. S’il vaut la peine qu’on le montre au public comme faisant partie du patrimoine, pourquoi ne pas en prendre soin ? Sera-t-il encore « montrable » dans cent ans ?

dimanche 22 juillet 2007

ST-JAMES UNITED CHURCH







L’église St James sur la rue Ste-Catherine. Une merveille architecturale construite dans les années 1887-1889. Une découverte pour tous les Montréalais car personne ne savait qu’elle était si belle, sa façade étant cachée par des commerces depuis belle lurette. Que s’était-il passé ?
Lors d’une visite, on m’a raconté que, dans les années 1920, la rue Ste-Catherine devenait de plus en plus commerciale. Les maisons privées étaient remplacées par des commerces. Deux églises protestantes tout près sont alors disparues faute de rentrées suffisantes pour survivre. Pour pallier à la situation, en 1926, l’Église Unie du Canada a décidé d’installer des boutiques et des bureaux en face de l’église comme mesure temporaire pour survenir à de sérieuses difficultés financières étant donné le départ des fidèles.
Le « temporaire » devait durer 78 ans ! Grâce entre autres à l’aide financière de la ville de Montréal, du gouvernement du Québec et au retour des fidèles, l’église a retrouvé sa grâce d’antan. Inutile de dire que les caméras sont très actives devant ce monument. On affirme que l’extérieur est de style Néogothique et que l’intérieur est un bel exemple de l’influence Victorienne. Si vous vous y connaissez…
L’extérieur ayant retrouvé toute sa jeunesse, il n’en est rien de l’intérieur. Même Sherlok Holmes déduirait que le toit a ou a eu des fuites… Il faut donc espérer que le « saint des saints » aussi reçoive sa quote-part d’attention…
Lors de cette même visite où on m’a conté l’histoire des lieux, un petit orgue mécanique a attiré mon attention. Un membre du Chœur s’en est approché et s’est mis à jouer une pièce de Bach. Envoûtant. L’orgue est un cadeau reçu récemment d’une autre église dont j’ai oublié le nom. On m’a alors accordé cinq minutes pour faire un croquis avant la fermeture.
C’est ici que le Québec a célébré un office religieux en mémoire des victimes de l’attaque contre le « World Trade Center » en 2001.Venez l’admirer…

mardi 17 juillet 2007

CORDOBA: MEDINA AZAHARA



Il y a des légendes que l’on aime entendre et répéter. Celle concernant la ville de Médina Azahara raconte que le Calife Abd Al-Rahman III fit construire cette cité pour sa bien-aimée. Romantique. Mais la réalité semble tout autre. En raison de l’étroitesse des locaux administratifs et par manque d’espace pour construire ou agrandir les dépendances, le Sultan fit bâtir une nouvelle ville à sept kilomètres de Córdoba dans les contreforts de la Sierra Morena. Les travaux commencèrent en 936. Vers 1010, des troubles internes causèrent la disparition du califat et des troupes berbères détruisirent la ville. Par la suite, on pilla systématiquement les lieux pour construire ailleurs églises et palais. Ce n’est qu’en 1854 que les premiers travaux d’excavation redonnèrent une deuxième vie à la ville. Un autobus nous y amène et nous reprend deux heures plus tard.

Les archéologues ont du travail pour au moins cent ans car à peine dix pour cent du territoire a été excavé. Comme on peut s’y attendre, les promoteurs ont les yeux sur ce terrain « vacant » et on est à s’organiser pour le défendre. Ce sont des ruines. On se promène parmi des débris de murs sans porte ni fenêtre ni toit. De grandes quantités d’éléments originaux trouvés sur place ont permis la reconstruction de quelques édifices qui permettent d’imaginer la beauté et la magnificence des lieux. La « puerta del Primer Ministro » vaut le détour pour ses arcs d’une grande élégance et ses planchers en mosaïques. Mais c’est surtout le Salon des Ambassadeurs qui retient l’attention. Il a été reconstruit à l’aide du matériel trouvé sur place. Grand, il a cinq nefs, ses décorations florales en plâtre sont superbes. Même les colonnes alternant le marbre noir et blanc ajoutent à l’atmosphère.
La Mesquita (mosquée) est encore dans l’état où les fouilles ont permis de la faire sortir de terre. On peut y distinguer cinq nefs et elle semble avoir été construite sur le modèle de celle de Córdoba.
Se promener dans Médina Azahara est un retour dans un passé glorieux.

Le monde arabe a été mis en contact avec la civilisation grecque par les Syriens. Socrate, Platon, Homère et tous les autres ont alors été traduits en arabe. C’est ainsi qu’ils sont arrivés à Córdoba, centre de la culture maure au XIIe siècle. Avicenne et son Canon de la Médecine, Averroès et ses commentaires sur Aristote et tous les autres savants arabes ont ainsi influencé la culture latine d’Europe. Mais un certain Tatien (169) nous rappelle que les Grecs aussi avaient puisé leur science ailleurs : l’astronomie au Babyloniens, la géométrie aux Égyptiens, l’écriture alphabétique aux Phéniciens…

Comme il est écrit quelque part : « Rien de nouveau sous le soleil »…

samedi 14 juillet 2007

CORDOBA: LA SYNAGOGUE JUIVE





La présence des Juifs à Cordoba a été une source d’enrichissement dans tous les domaines. Un monument à Maimonides, rabin à la fois physicien et philosophe du XIIe siècle né à Córdoba, témoigne de l’importance qu’ont eu les Hébreux non seulement dans cette ville mais dans toute l’Espagne. Comme dans beaucoup d’autres cités, les enfants d’Abraham se sont rassemblés dans des zones bien précises qu’on appelle aujourd’hui « quartier juif ou judería ». Celui de Córdoba est formé de rues trop étroites pour les voitures où les maisons sont blanchies à la chaux et où il fait bon marcher dans la quiétude.

De toutes les synagogues, il n’en reste qu’une seule, toute petite. La synagogue serait née lors de la déportation des Juifs en Mésopotamie. Loin du Temple de Jérusalem, ils se seraient réunis pour la prière et l’enseignement des textes sacrés. Celle de Córdoba aurait été une synagogue « familiale » selon le gardien et ressemble plus à une maison qu’à un temple afin de ne pas attirer l’attention et l’hostilité… Elle est de style mudéjar (mélange de styles mauresque et chrétien). La salle de prière carrée et petite est ornée de magnifiques décorations florales et géométriques en plâtre ainsi que des inscriptions de psaumes en hébreux. Dans le mur côté Est , se trouve l’endroit où était conservé l’arche contenant les rouleaux de la Torah. Les femmes assistaient aux offices du haut d’une tribune dont l’accès est interdit au public. L’édifice date de 1314 et a subit plusieurs transformations après la Conquête chrétienne allant de maison de culte chrétien, hôpital pour les personnes hydrophobes et même propriété de la confrérie de la société des cordonniers…

Tout à côté de la synagogue une demeure juive vaut aussi le détour. Petite, elle retrace la vie des gens d’autrefois à l’aide de documents, de vêtements et d’objets utilisés dans la vie quotidienne. Quand ils ont été expulsés d’Espagne en 1492, ce sont quelques 300 000 Juifs qui ont fui, emportant avec eux une grande partie du savoir et de l'histoire du pays.



En continuant à louvoyer par les petites rues, nous arrivons à la « Puerta de Almodovar » restaurée au XIXe siècle. Elle est d’origine arabe. Des quatre kilomètres de murailles qui existaient auparavant, il subsiste encore quelques restes près de la Porte. Un croquis témoigne de sa beauté.

mardi 3 juillet 2007

CORDOBA: LA CATHÉDRALE/MESQUITA




Nous avons enfin visité la Cathédrale/Mesquita. Superbe. Grandiose. C'était à l'origine une mosquée qui a été agrandie à plusieurs reprises en raison de l'augmentation de la population. Après la conquête, des transformations en ont fait une cathédrale imposante. À l'intérieur, une ouverture dans le plancher nous montre une section du plancher d'une église wisigothique. Peu surprenant, ces derniers ont régné en Espagne du quatrième siècle jusqu'à l'arrivée des musulmans en 711. La partie la plus ancienne de la mosquée date du VIIIe siècle. L'écriture arabe dans des styles divers forme une décoration d'une grande richesse et variété.

Pendant notre visite, une messe a été célébrée dans l'une des partie de la Cathédrale. Presque la moitié de l'édifice est fermée au public. Des chapelles ont été aménagées tout autour de l'édifice. Un choeur avec de nombreux bancs pour les chanoines y a aussi été construit. Impossible d'y pénétrer en raison des grilles fermées. Les transformations chrétiennes se sont parfaitement fusionnées avec le style arabe.

Avant de pénétrer dans la Cathédrale/Mesquita, il faut traverser le "patio de los naranjos" (patio des orangers). Dans le passé, des oliviers, des palmiers et même des cyprès y ont été plantés. Mais depuis le XVe siècle, il semble que ce soit plutôt des orangers qui règnent sur les lieux. C'était l'endroit où des bassins d'eau permettaient aux musulmans de se purifier avant de pénétrer dans le lieu de prière.

La tour est, comme on peut le supposer facilement, un ancien minaret. Ce dernier comportait deux escaliers, l'un pour monter et l'autre pour descendre. Au XVIIe siècle, on construisit une solide doublure qui constitue la façade actuelle. Un troisième corps fut installé sur lequel domine la statue de l'archange Saint Raphaël, patron de la ville.

Après avoir visité ce chef d'oeuvre de prière, on comprend que l'ONU aie voulu le préserver pour les siècles à venir.

dimanche 1 juillet 2007

CÓRDOBA: LAS CABALLERIZAS REALES ET L'ALCAZARE




Córdoba a eu des heures de gloire au temps de la domination arabe. Elle devint capitale de Al-Andalus et les arts, la science, la médecine et la philosophie y étaient à l’honneur. Autant les Musulmans que les Juifs possédaient les connaissances les plus avancées de l’époque. La traduction des philosophes grecs allait bon train grâce au bagage culturel que possédaient les Juifs. De toute l’Europe, on accourait dans cette ville pour acquérir ces connaissances nouvelles et les adapter au monde chrétien surtout au temps d’Abd-al-Rahman III semble-t-il.

Aujourd’hui, Córdoba se souvient de cette richesse passée. Quels souvenirs ! Le centre ville a été reconnu Patrimoine mondial par l’ONU et ce n’est pas sans raison. Évidemment, les Romains y ont été maîtres et ont laissé des traces. On parle du pont « romain » qui en fait ne conserve que peu de chose de l’époque. Nous voulions le traverser, mais il est en réparation. La tour Calahorra, aujourd’hui musée, qui défendait l’entrée du pont, était à l’origine une forteresse d’origine arabe. Fermée elle aussi pour cause de réparations majeures.

Notre première découverte fut « las caballerizas reales », c’est-à-dire les écuries royales. Construites par les arabes, elles servaient à l’élevage et à la reproduction des chevaux de race. C'est surtout sous Philippe II qu'elles sont devenues importantes car c'est là que fut "créé" la race chevaline espagnole. Aujourd’hui désaffectées, elles sont bien entretenues et l’entrée est gratuite. Des orangers chargés de fruits autant à l'intérieur de l'enceinte que partout dans la ville servent de décoration et donnent de l'ombre pendant les heures chaudes. Commestibles les oranges ? Que non! J'apprends alors qu'il y a deux sortes d'oranges: les amères et les sucrées. En plantant des orangers aux fruits amers, la municipalité est certaine qu'ils ne sont pas brisés par la population.



Puis nos pas nous ont conduits tout à côté à l’alcazar des Rois Chrétiens. Il date du XIVe siècle. C’est là qu’aurait eu lieu la rencontre de Christophe Colomb avec les Rois Catholiques avant son départ vers la découverte de l’Amérique. Dans une grande salle, les murs offrent au regard de magnifiques mosaïques romaines trouvées par hasard lors de travaux exécutés à la place de la Corredera en 1959. On peut aussi admirer un très grand sarcophage romain du IIIe siècle. D’anciens bains sont également très bien conservés. Les jardins sont magnifiques avec leurs plans d’eau, leurs arbres taillés à la perfection. Une vraie jouissance pour le regard.

Ici, quand on s’informe s’il y a un autobus « tour de ville », on sourit gentiment. C’est que la ville ancienne est petite et les rues… étroites.

Et il n’y a pas de Starbucks!