vendredi 28 mars 2008

LA GARE DALHOUSIE


Son architecture n’a pas l’envergure de la gare Viger, peut-être parce qu’elle a été construite quelques années plus tôt, en 1883-84. Pour l’édifier, il a fallu démolir plusieurs maisons, dont une caserne de pompier. C’est de cette gare qu’est parti le premier train du Canadien Pacifique en direction de Winnipeg le 28 juin 1886. Il aurait fait alors quelque 38 kilomètres à l’heure.

Son rôle de gare reliant Montréal à l’Ouest canadien a été court, il s’est terminé avec la construction de la gare-hôtel Viger en 1898, tout près (on voit les tourelles de la gare Viger sur le côté gauche du croquis). Jusqu’en 1929, elle a servi d’entrepôt pour la compagnie. On l’a même utilisée comme salle d’encan de fruits. Montréal l’acheta en 1984 et y effectua des travaux majeurs de restauration, en particulier le toit qui reprit sa forme originale. L’École nationale de cirque y a fait ses pirouettes de 1986 à 2003 et c’est maintenant le cirque Eloize qui y a pris la relève.

Pourquoi la gare « Dalhousie » ? Pour honorer George Ramsay, Baron Dalhousie. Militaire de carrière, il fut nommé gouverneur général de l’Amérique du Nord britannique en 1820. On dit qu’il avait un caractère irascible et une conception autoritaire du système politique. Comme l’Assemblée législative était alors dominée par les Canadiens français, il a souvent eu des démêlés avec cette dernière allant même jusqu’à dissoudre la Chambre. Il s’est aussi permis de s’opposer aux représentants de l’Église catholique. Il a finalement été muté aux Indes non sans avoir été sévèrement blâmé pour son administration ici par la Chambre des Communes de Londres.

vendredi 21 mars 2008

LA MAISON SHAUGHNESSY


Il y a le « village Shaughnessy » et la « maison Shaughnessy ». C’est la maison qui a donné son nom à une partie de l’arrondissement Ville-Marie, au Sud-Ouest. Thomas Shaughnessy, président du Canadien Pacifique, se fit construire une maison en 1874. Cent ans plus tard, elle fut déclarée monument historique national.


Comme de nombreux édifices qui ont marqué la vie de Montréal, elle a subit plusieurs transformations et vocations. C’est ainsi qu’elle a abrité l’Hôpital Ste-Mary à ses débuts avec 45 lits. Devenue vacante, elle fut rachetée et magnifiquement transformée et agrandie tout en conservant son centre original. Elle devint ainsi le Centre Canadien d’Architecture.
Le Centre a été fondé en 1979 pour mettre à la portée de tous le rôle important de l’architecture dans nos vies. C’est un centre international de recherche, un centre d’’études et un musée. Sa collection architecturale est d’une richesse inégalée. Le visiteur découvre dans cette magnifique demeure des salles d’exposition, un théâtre, une librairie, une bibliothèque et des laboratoires de restauration.


En face, de l’autre côté du boulevard René-Lévesque, la ville a donné un terrain qui est devenu le jardin du Centre. Plusieurs sections l’occupent : le Verger, le Pré, l’Esplanade et l’Arcade qui reproduit la maison inversée comme dans un miroir. Des sculptures agrémentent le jardin.

samedi 8 mars 2008

LA CATHÉDRALE MARIE-REINE-DU-MONDE


La Cathédrale de Montréal porte deux noms : Saint-Jacques et Marie-Reine-du-Monde. On dit que c’est la troisième plus grande église du Québec. C’est Mgr. Ignace Bourget, deuxième évêque de la ville, qui choisit de faire construire une réplique de la Basilique papale, évidemment en modèle réduit, soit environ le tiers de celle de Rome. En raison de nos hivers, certains éléments architecturaux ont été omis. On était en 1875 lorsque la construction débuta et la consécration eu lieu en 1894. À l’origine, elle porta le nom de Cathédrale Saint-Jacques. C’est Pie XII qui la consacra de nouveau sous son nom actuel. La cathédrale était devenue une Basilique mineure en 1919.

Ceux qui vont à Rome peuvent voir des statues des douze apôtres sur la façade de la basilique. À Montréal, ce sont treize statues de saints.  On dit que les paroisses avaient été invitées à y mettre la statue de leur saint patron. En fait il n’en est rien. Elles sont d’origine diverses faites de bois recouvert de cuivre.  À l’intérieur de la cathédrale, on a voulu reproduire aussi certains éléments du Vatican. Par exemple le baldaquin au dessus de l’autel est une copie à l’échelle de celui de Rome. De nombreux tableaux racontent l’histoire de Montréal. Une chapelle renferme les dépouilles des évêques de la ville ainsi qu’un gisant de Mgr. Bourget. Les noms des zouaves canadiens qui ont participé à la croisade pour défendre les États pontificaux sont gravés sur plusieurs plaques de marbres. Cent trente-cinq jeunes hommes s’enrôlèrent en 1868. Il y a eu en tout plus de cinq cent zouaves dont trois cent quatre-vingt-huit se rendirent en Italie. Une Association de zouaves fut fondée en 1899. Ils ont porté l’uniforme et les armes de 1868 jusqu’à la visite du Pape Jean-Paul II en 1984 et accompagné les célébrations catholiques et nationalistes jusqu’à ce moment. En fait, avec la révolution tranquille, l’Association a décliné petit à petit jusqu’à s’éteindre complètement.

L’orgue a été originellement construit par les frères Casavant. Remanié à plusieurs reprises, il comporte maintenant quatre claviers et quatre-vingt-sept jeux. Bach en serait ravi.

Sur le côté droit de la façade de la cathédrale, on a érigé un monument pour honorer Mgr Bourget. Philippe Hébert en a été le maître d’œuvre. Sur l’une des scènes de la base, on peut voir l’évêque visitant le camp de zouaves canadiens en Italie.En 2006, le Gouvernement fédéral a proclamé la Basilique Marie-Reine-du-Monde « lieu historique national du Canada ».

samedi 1 mars 2008

LA PRISON DU-PIED-DU-COURANT



Presque en dessous du pont Jacques-Cartier, se dressent l’ancienne prison du Pied-du-Courant et la Maison du Gouverneur. La prison fut ouverte en 1836 même si elle n’était pas complètement terminée.

Il s’agissait d’un centre pénitencier presque révolutionnaire dans sa conception. Finis les cachots insalubres. Deux cent vingt-cinq cellules pouvant contenir 400 détenus et du travail en atelier pendant le jour. Des fenêtres pour permettre l’aération de chaque cellule. On commençait à miser sur la réintégration sociale plutôt que sur l’attente de la condamnation. Mais les ateliers ne furent jamais construits.

En 1837, éclate la rébellion des Patriotes. On y entasse un grand nombre des 500 d’entre eux qui ont été fait prisonniers. Les patriotes sont amnistiés. En 1838, ce sont 816 patriotes de la région de Montréal qui sont mis aux arrêts. Inutile de mentionner que les cellules ont été remplies… Cent huit patriotes sont traduits en cour martiale. L’échafaud monté devant la prison servira à pendre douze d’entre eux. Un monument leur est dédié en face de la prison. Tout autour du monument, douze plaques de béton rappellent aux visiteurs les noms des condamnés.

La prison a servi jusqu’en 1912 alors qu’on ouvrait celle de Bordeaux. Elle fut laissée à l’abandon jusqu’en 1921 lorsque la « Commission des liqueurs » en prit possession. Lors de sa restauration, vu qu’à l’époque la conservation du patrimoine n’était pas encore à l’honneur, on s’empressa d’enlever tout ce qui faisait de l’édifice une prison, ajoutant même un étage. Aujourd’hui, la Société des alcools du Québec y loge. On a aménagé au sous-sol deux salles racontant l’histoire des patriotes. Ce n’est qu’en 1978 que l’édifice fut classé monument historique.

La Maison du Gouverneur fut érigée plus tardivement en 1895 par le dernier gouverneur de la prison Charles Amédée Vallée. Elle a été habitée par la même famille jusqu’en 1912. Elle est aujourd’hui occupée par la SAQ.

Impossible de terminer cette page sans parler d’Émilie Gamelin surnommée « l’ange des prisonniers politiques. » et fondatrice de la congrégation des Sœurs de la Providence. En raison de sa grande bonté, elle fut autorisée à visiter les patriotes incarcérés et leur apporter soupe, consolation et messages des familles des prisonniers, amenant même avec elle une épouse ou une fille d’un détenu. On peut voir une statue érigée en son honneur au métro Berri-UQUAM. Le parc qui s’y trouve porte également son nom.