vendredi 20 mars 2009

LE MANOIR DE NIVERVILLE


Situé au 166 de la rue Bonaventure à Trois-Rivières, cet édifice porte deux appellations, Manoir de Niverville ou Manoir Boucher de Niverville. On dit que c’est l’un des bâtiments les plus anciens du centre-ville et qu’il serait dans son état presque original.

Avant le manoir, une demeure y a d’abord été construite par un certain Jacques Leneuf, sieur de la Potherie. C’était avant 1668. Ce dernier était un marchand de fourrures originaire de Caen en Normandie et possiblement un Huguenot ou un converti, car ses parents s’étaient mariés au temple protestant de Caen. Il s’établit à Trois-Rivières en 1640. Il fut gouverneur de la ville à plusieurs reprises et administrateur de la Nouvelle-France.

Il y aurait eu deux autres propriétaires par la suite en 1683 et 1712.
En 1729, la demeure passe aux mains de François Châtelain, officier dans les troupes aux Trois-Rivières. C’est lui qui donna à la maison l’apparence qu’on lui voit encore aujourd’hui. Elle avait un deuxième étage. Il le supprime. Il allonge l’édifice. Les murs de colombage sont remplacés par de la pierre. Comme la région de Trois-Rivières est sablonneuse, il fallut aller chercher la pierre sur la rive-sud.

En 1761, François de Châtelain décède. Sa fille Josephte hérite de la demeure. C’est alors que le nom de Niverville fait surface, Josephte devenant l’épouse de Claude-Joseph Boucher, sieur de Niverville. Militaire de carrière, il fut très actif surtout dans l’Ouest où il établit de nombreux postes dans la région de Calgary. Au moment de la Conquête, il retourne en France, mais après trois ans, revient au pays. L’armée britannique lui confit le commandement de la milice locale. C’est sous ses ordres que la milice vaincra les troupes américaines venues envahir le pays en 1776. L’endroit de la bataille n’est pas certain. En raison de sa connaissance de la langue des Abénaquis, il fut nommé surintendant de cette nation pour la région de la Mauricie.

Le petit-fils de Claude-Joseph, Charles Boucher de Niverville habitat aussi le manoir. Avocat, il fut actif en politique. Deux fois bâtonnier du Barreau de Trois-Rivières, maire de la ville, il fut aussi nommé conseiller de la reine en 1867, année de la Confédération. Député à l’Assemblée législative et à la Chambre des communes il résigna les deux fonctions ayant accepté la charge de shérif du district de Trois-Rivières.

En 1845, la Manoir appartient à un dénommé Pierre Vézina. Également actif en politique, il fut député, conseiller du roi puis de la reine, commissaire relié à la construction d’un pont sur le Saint-Maurice en 1830, juge de paix et officier de milice. Il fut capitaine lors du conflit de 1812 alors que les États-Unis déclarèrent la guerre à l’Empire britannique.

Trois autres propriétaires dont Paul Martel et son épouse occupèrent le Manoir jusqu’en 1940. C’est à ce moment que le Comité pour le Tricentenaire de la ville en fit l’acquisition. Il fut ainsi sauvé du pic des démolisseurs ayant aussi échappé à l’incendie de 1908. La Ville en a fait l’acquisition en 1951 et il fut classé monument historique en 1960.

Bien que la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières y loge, il est possible de visiter le Manoir aux heures d’ouverture.