dimanche 2 novembre 2008

LA MAISON MAXWELL


William Sutherland Maxwell a été, avec son frère Edward, un des architectes les plus en demande dans le Mille Carré Doré au début du vingtième siècle. À eux deux, ils ont construits de nombreuses maisons, sans oublier le Musée des Beaux-Arts de Montréal, participé à l'érection du Château Frontenac et autres grands projets. William aurait construit sa demeure en 1902 sur l'Avenue des Pins au numéro civique 1548.

En fait, il s'agit de deux maisons jumelées. Il louait la seconde. Jolies demeures de briques avec deux tourelles aux toits réduits. D'origine écossaise, mais né à Montréal, il étudie à Boston et à Paris. De retour au pays, il fonde avec son frère Edwards la Edward et W.S. Maxwell qui devient bientôt très en demande. À Paris, il rencontre May Bolles, une Bahà'i engagée, et ils se marient à Londres. Il adhère bientôt à la religion de son épouse. En raison de sa grande compétence, il est devenu membre de la Royal Institute of British Architects et de celle du Canada. Il a été membre et vice-président de l'Académie royale des arts du Canada, fut président de l'Association des architectes du Québec. Il fonda le Pen and Pencil Club et le Arts Club de Montréal, ce dernier en 1912, ce qui en fait probablement la plus ancienne association artistique du Québec.

En 1937, sa fille Mary se marie avec le chef canadien de la Foi baha'i, Shoghi Effendi. Elle prend alors le nom de Amatu’l-Bahá Ruhiyyih Khanum. William Maxwell et son épouse s'impliquent alors davantage dans leur religion baha'i, leur maison étant devenu un Sanctuaire bahá’í . Le couple Maxwell firent alors plusieurs voyages. Après la mort de son épouse, William Maxwell se mit au service de son gendre Shoghi Effendi et s'en fut vivre à Haïfa au Centre mondial baha'i.

Il devint peu à peu un confident du grand maître, puis ses connaissances architecturales furent utiles dans divers travaux, d'abord des petites choses secondaires, puis dans la production d'un plan pour achever le mausolée du Bàb (un marchand perse qui devint l'une des trois figures principales de la Foi Baha'ì. - Il est aussi le retour du profète Élie et de Jean le Baptiste.)
En 1951, sa santé déclinant, William Sutherland Maxwell revient au pays. C'est alors qu'il est nommé « Main de la cause de Dieu ». Il s'éteint l'année suivante.

En septembre 2007, après d'importants travaux de rénovation, le Sanctuaire Baha'i a été réouvert avec solennité. Mais l'édifice prend de l'âge. Des travaux extérieurs se pointent. Les joints entre les briques ne tiennent plus le coup. Comme c'est un édifice faisant partie du patrimoine, il faut conserver son apparence originelle. On devra donc ouvrir sa bourse...

samedi 25 octobre 2008

LE CENTRE D'HISTOIRE DE MONTREAL


Il y avait d'abord un cours d'eau qu'on appela rivière Saint-Pierre. Il devint bientôt un égoût en plein air. Puis il fut recouvert. On en voit encore les traces en visitant le Musée Pointe à Callière. Il portait le nom de collecteur William. Ce n'est qu'en 1990 qu'il fut rempli de sable.

Sur cet emplacement, le marché Saint-Anne s'y dressa en 1833. C'était un bel édifice de deux étages. Les déchets étaient versé dans l'égoût collecteur que formait alors la rivière devenue souterraine. Onze ans plus tard, le Parlement du Canada-Uni s'y installa. Y siégeaient les députés du Haut et du Bas-Canada.

Les troubles de 1837-38 causèrent beaucoup d'injustices à la population francophone. Une loi fut votée plus tard pour les indemniser. Ce qui déplu fort aux anglophones. Ils mirent alors le feu au marché-Parlement. Le marché fut reconstruit avec un ajout pour la vente de poissons, mais le Parlement n'y siégea plus. Montréal avait perdu son titre de Capitale.

Les deux marchés ont survécu jusqu'en 1901 et c'est à ce moment que le nom de Place d'Youville lui fut donné. Tout autour des commerces et autres édifices s'y étaient déjà installés.
En 1903, une caserne de pompier y vit le jour. C'était le quartier général du service des incendies. L'élégant édifice fut construit dans un style hollandais avec des touches italiennes et britanniques. Cinq années plus tard, il devint uniquement poste de pompier. Les voitures à incendies ainsi que les bureaux occupaient le rez-de-chaussée. On logeait les chevaux dans une étable à l'arrière. En 1930, les camions motorisés les remplacèrent. On dit que lorsque la cloche sonnait, les chevaux quittaient d'eux-même leurs stales pour venir se placer devant les voitures. Comme chacun le sait, la tour de la caserne servait à sécher les boyaux au retour d'un feu.

1972 marque la fermeture de la caserne. Elle a failli disparaître mais, en 1983, le Centre d'histoire de Montréal y voit le jour. À l'intérieur rien ne subsiste de l'ancienne caserne, mais au moins le bâtiment fut sauvé. En 1991, une nouvelle exposition permanente s'installe sur les trois étages du Centre. Depuis 2001, le public est invité à voir l'histoire de Montréal dans une présention nouvelle. La vedette en est Montréal !

samedi 18 octobre 2008

LA MAISON JOHN HENRY BIRKS


Construite en 1898 pour John Henry Birks, cette élégante maison sise au 1547 de l'Avenue des Pins surplombe majestueusement l'avenue. Selon les plans de l'architecte, sur le toit il devait y avoir des appartements pour les domestiques.



Son premier propriétaire fut le fils du célèbre joailler Henry Birks, fondateur de la bijouterie Henry Birks & Son, située au coin de la rue Sainte-Catherine et Union. Le fils succéda à son père dans l'entreprise. Il avait obtenu auparavent un degré en ingénierie du Massachussets Institute of Technology. Il a fait parti du Conseil d'Administration de la Boy's Farm, une sorte d'école de réforme à Shawbridge au Nord de Montréal. Elle était ouverte aux jeunes anglophones protestants, sans clôture ni barrière. Les jeunes y travaillaient aux champs et avaient chaque jour trois heures de classe. Comme l'allocation gouvernementale était insuffisante pour le maintient de l'institution, on fit donc appel à de riches anglophones pour aider financièment l'établissement. C'est ainsi que M. Birks et plusieurs autres participèrent au financement de cette école.



L'édifice est maintenant propriété de l'Hôpital Général tout à côté. Il porte le nom de Centre Griffith Edwards, du nom d'un médecin qui s'est consacré à l'étude et au traitement de la dépendance à l'alcool et aux drogues. Aujourd'hui, la maison sert de centre communautaire pour la santé mentale.

samedi 11 octobre 2008

MAGASIN-ENTREPÔT T. TIFFIN




Un bâtiment avec trois adresses civiques: l'une sur la Place Jacques-Cartier, une deuxième sur la rue St-Paul et la troisième sur la Rue de la Commune. C'est le magasin-entrepôt T.Tiffin. L'édifice date de 1857. Il y avait eu un autre magasin sur le même emplacement, mais il s'était avéré trop petit. On en construisit donc un nouveau dans le style gratte-ciel, c'est-à-dire que ce ne sont plus les murs épais qui supportent la charpente mais une structure d'acier, ce qui permet non seulement de construire en hauteur mais d'avoir de larges fenêtres pour faire entrer la lumière du jour.



À l'origine, l'édifice de quatre étages comportait un fronton triangulaire (voir croquis) qui a disparu lors d'un incendie en 1888. On le remplaça par un toit plat. La corniche qui décore le pourtour du toit a sans doute été réalisée à ce moment. Une caractéristique propre à plusieurs édifices de la Place Jacques-Cartier est la dénivellation du terrain avec laquelle les architectes ont dû adapter leurs plans. Conséquence, quatre étages sur la rue St-Paul et cinq sur la rue de la Commune. La compagnie occupa l'endroit pendant vingt-huit ans.




Thomas Tiffin fonda en 1864 la « T.Tiffin & Company » avec James Skelly, Irlandais. Leur entreprise occupait la moitié de l'édifice à ses débuts, mais bientôt c'est presque toute la surface qui fut prise. On y vendait non seulement des denrées alimentaires mais également des boissons alcooliques et du vin. Thomas était un homme entreprenant et investit dans plusieurs compagnies. Il acquit des parts dans la St.Lawrence Sugar Refinery, devint actionnaire et directeur de L'Exchange Bank, investit dans l'Intercolonial Mining Company sans oublier la Montreal Abattoir Company. Il participa également à la fondation de la Royal Insurance Company en 1873.



L'histoire du bâtiment a conservé les noms de plusieurs locataires ou propriétaires. On voit un fabricant de chaussures, Pierre Dufresne, Ovide A. Richer, marchant de farine ainsi que Pierre R. Fauteux. Comme à l'époque le marché était tout près, il n'est pas étonnant que des épiciers l'ait occupé, entre autres Lalonde & Desroches qui y sont demeurés une cinquantaine d'années. Il y a eu aussi la Molson's Bank au rez-de-chaussée jusqu'à ce qu'elle soit acquise par la Banque de Montréal en 1925. Cette dernière y a ouvert ses portes pendant une vingtaine d'années.
Après la deuxième guerre mondiale, soit en 1945, plusieurs occupants logent à cette enseigne. On transforme peu à peu l'intérieur et en 1980, ce sont de grandes rénovations. Des restaurants occupent maintenant l'étage au niveau du sol, utilisant la pente côté Place Jacques-Cartier pour y installer des terrasses surmontées d'auvents rouges. Les deux derniers étages sont des logements.



Thomas Tiffin et son épouse Marie-Anne Devin étant sans doute catholiques. Devenue veuve, Madame Tiffin, tertiaire franciscaine retirée dans le couvent des Soeurs Grises, fit don de huit mille dollars pour l'érection du couvent Saint-Joseph des Franciscains sur la rue René Lévesque ouest. Elle promit de faire d'autres dons.



Tant qu'à l'Irlandais James Skelly, il devint seul actonnaire de la compagnie lorsque Thomas Tiffin se retira des affaires. Il occupa l'édifice jusqu'en 1886. Il aurait aussi ouvert une épicerie dans la maison du Calvet tout près de la Chapelle Bonsecours en 1881.

samedi 27 septembre 2008

L'HÔTEL BERKELEY



L'Hôtel Berkeley est le troisième édifice acheté par Alcan pour y loger ses bureaux. Construit en 1928, donc un an avant la grande dépression, il avait pour nom Hermitage Apartments pour hommes célibataires. Ce fut un échec et la bâtisse devint l'Hotel Ambassador. 1934 le voit renommé Berkeley Hotel, nom sous lequel il est encore connu. L'Hôtel eu une période de gloire pendant laquelle, en été, on offrait les repas sur un terrasse recouverte d'un auvant sur lequel on pouvait lire: "Champs Élisées" . On dit que c'était un endroit favori pour les étudiants dans les années 1950 et 60. Ils venaient y prendre une consommation au bar.
Des associations, municipalités et des corps publics s'y sont assemblés pour voter une résolution appuyant la tenue d'une exposition universelle à Montréal en 1967.
1971 a marqué la fin de l'hôtel. On parlait alors de démolition. Dix ans plus tard, une nouvelle vocation lui était donnée. L'édifice devenait la propriété d'Alcan ainsi que trois maisons voisines.

samedi 20 septembre 2008

LA MAISON ATHOLSTAN


Le 1172 de la rue Sherbrooke ouest est de style Néo-Classique, donc avec des éléments qui rappellent l'époque romaine ou grecque. Construite en 1895 pour Hugh Graham originaire de Huntingdon près de Sherbrooke, ce dernier consacra sa vie au monde journalistique. Il débuta comme garçon de bureau pour le Montreal Daily Telegraph puis passa au Montreal Gazette. En 1869 il fonda son propre journal, le Montreal Star, journal aujourd'hui disparu. Comme il était aussi propriétaire de la papeterie la St.Raymond Paper Company, il pu alimenter trois journeaux: The Gazette le matin pour les intellectuels et les bourgeois, le Daily Telegraph, le midi et le Montreal Star publié en fin d'après-midi. Il possédait aussi un journal hebdomadaire, le Standard.
Grâce à ses journaux, il encouragea fortement la guerre des Boers (bur) que l'Angleterre menait en Afrique du Sud à la fin du 19ème siècle contre les descendants des premiers colons d'origine néerlandaises et françaises, arrivés en Afrique du Sud au 17ème et 18ème siècle. Il fit aussi une importante campagne en faveur de la conscription en 1917, à la suite de quoi il fut investi du titre de Premier Baron Atholstan de Huntingdon et d'Édimbourg.
Sir Hugh Graham utilisa son immense fortune en aidant diverses oeuvres de charité. Il s'impliqua auprès des femmes et des enfants subissant de mauvais traitements, des nécessiteux et même dans la SPCA. Il décéda en 1938 sans enfant mâle. Son titre n'eu donc pas de suite.
Après sa mort, la maison devint la propriété de Fraser Brothers, de la Canadian Textiles Association, de la Mission des Pères Jésuites, de la Commission de Commerce d'Iran. Entre temps, elle avait été classée monument historique en 1974.
Puis vint David Culver de la Compagnie Alcan. Grâce à son influence, la compagnie acheta la maison Atholstan en 1981 ainsi que trois autres bâtimens voisins pour y installer ses bureaux. Il semble que c'était la première fois qu'au lieu de détruire un édifice historique on le conservait quitte à transformer l'intérieur pour l'adapter à une nouvelle vocation. Alcan se mérita d'ailleurs un prix pour sa création architecturale.

samedi 13 septembre 2008

LA MAISON BÉÏQUE



La maison du 1176 Sherbrooke ouest est parmi les quatre que la compagnie Alcan a acquises en 1981. Située à côté de la maison Atholstan, elle fut construite en 1893 pour l'avocat Frédéric-Liguori Beïque.
Homme des plus actifs, il s'impliqua dans de nombreux domaines, entreprises et associations. Il fut bâtonnier du Barreau de Montréal, membre de la Société d'archéologie et de numismatique, se mérita un doctorat honorifique de l'université Laval de Montréal, aida à la fondation du Parti National, fut président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il devint Sénateur libéral en 1902, travailla activement à l'adoption de la loi sur les jeunes délinquants, fonda même un journal, Le Canada en 1903. Il collabora à la constitution de la Banque d'Hochelage puis à sa fusion avec la Banque Nationale qui devint par la suite la Banque canadienne nationale. Il en fut président de 1928 jusqu'en 1933, année de sa mort.