À la suite de l'incendie, un marché prit la relève. Deux jours par semaine, des maraîchers et des cultivateurs y présentaient leurs produits. Tout autour, des édifices de pierre furent construit, auberges pour les visiteurs, boutiques aux divers produits, ateliers d'artisans ingénieux.
Le marché Bonsecours ouvrit ses portes en 1847, ce qui entraîna la démolition des halles. La Place Jacques-Cartier était née. Toutefois, on continua d'y offrir les produits de la ferme. Quelques années plus tard, les hôtels firent leur apparition et restaurants et boutiques y eurent pignon sur rue. Même une fabrique de chaussures s'y installa en 1867. Le marché y survécut jusque dans les années 1950, toujours deux jours par semaine et toujours comme extention du marché Bonsecours.
Aujourd'hui, la place est toujours animée, surtout en été évidemment. Un kiosque offre des fleurs, des artistes proposent aux touristes des caricatures ou des portraits, des animateurs font des tours de passe-passe, des équilibristes provoquent des « oh! » et des « ah! », des musiciens grattent leur guitare pendant que d'autres artisans montrent des bijoux, bagues et colliers de leur création. Le tout pendant que les terrasses des restaurants offrent des menus alléchants.
Mais où est Jacques-Cartier ? Sa statue devrait se trouver quelque part. En effet, elle est quelque part, ailleurs, dans le parc Saint-Henri ! Une copie en plus. L'original est conservé dans la station de métro Place Saint-Henri. En 1893, dans un sursaut patriotique, on inaugura la statue du découvreur au dit parc. Faite de feuilles de bronze soudées, des infiltrations d'eau y produisirent des dégâts importants qui durent être réparés en 1963. En 1979, elle s'écroula. En 1992, une copie la remplaça et on restaura l'original pour finalement la placer à l'abri dans la station de métro.
Qui domine la place sur la haute colonne ? Horacio Nelson. Qui était ce personnage ? Marin d'expérience, après avoir participé à la guerre d'indépendance américaine du côté britannique, il battit la flotte française en 1798. Mais il est surtout célèbre pour sa victoire contre la coalition franco-espagnole à Trafalgar qui donna à l'Angleterre la supériorité militaire sur les mers pendant très longtemps. Il mourut lors de ce combat et fut ramené en Angleterre dans un tonneau d'eau-de-vie pour le conserver. Les marchands britanniques de Montréal la firent installée en 1810, quelques trente-trois ans avant celle de Londres! Pour marquer leur fierté, nos « britanniques-canadiens » ont nommé « Trafalgar » un important édifice sur Côte-des-Neiges, l'escalier Trafalgar qui lui fait face et donne accès à la montagne, placeTrafalgar, Place Upper Trafalgar, avenue Trafalgar et Trafalgar Heights un peu plus loin, toujours sur Côte-des-Neiges. On est victorieux ou on ne l'est pas ! Tous les hommes sont égaux et par conséquent tous les peuples. Mais certains sont plus « ego » que d'autres.
Jacques-Cartier prendra-t-il place un jour sur ce lieu qui porte son nom ? Il faudra du courage et l'Histoire nous dira qui l'a eu.